Mort divine

La flamme de la bougie vacillait sur le baton de cire. Je regardai pas la fenêtre, mais je ne vis que mon reflet dans la vitre sale.
Il faisait nuit noire, dehors. Encore une de ces nuits sans étoiles que je redoutais. Car toutes les nuits sans étoiles, quelqu'un venait me voir, et me disait que, cette nuit, un tel ou une telle allait mourir. Le lendemain, comme pour me confirmer que ce n'était pas un rêve, le journal annonçait que la personne citée par l'inconnu cette nuit était morte.

Mais aujourd'hui n'étais pas un jour comme les autre. Car même si les étoiles se déclaraient une fois de plus absentes, la lune se dessinait en une sphère parfaite dans le ciel sombre. J'ouvris la fenêtre, et le vent froid de minuit vint me frapper le visage. Il éteignit la bougie, je me retrouvais donc dans le noir complet.

- Mademoiselle...

Cette voix, je la connaissais par coeur. Après l'avoir entendue maintes et maintes fois, je n'avais toujours pas vu son visage. Mais à chaque fois, la lune éclairait un de ses mèches blondes. Mais, dans cette voix que je trouvais d'habitude si douce et si mélodieuse à mon oreille, aujourd'hui résonnait une tristesse dont je n'aurais pas su déterminé la cause.

- Voici le nom du prochain défunt. Élizabeth Weert.

Je n'en cru pas mes oreilles. Je le regardais, et il me regardait en retour. Il s'approcha, et je pu enfin, pour la première fois, son visage dans la lumière de la lune. Ses yeux, rougis par la tristesse de l'annonce du dernier nom, me disait à quel point il souffrait, non pas pour ce nom qu'il venait de prononcer, mais aussi pour tous les autres, car l'annonce d'un mort n'est jamais joyeuse. Il repartit comme un ombre.

La peur me prit, pour la première fois depuis 1 an, pour la première fois depuis l'annonce du premier nom. Une peur si intense que j'en tremblais de tout mon être. J'eu tout d'un coup frois, comme si la fenêtre avait été ouvert, et que le frois glacial de cette nuit sans étoiles s'étais engouffré dans cette petite pièce. J'avais du mal à respirer, comme si mon coeur, gonflé par la peur, écrasait mes poumons. Commencant à m'endormir, je m'allongeais dans mon lit, sans prendre la peine de me déshabiller. Puis je senti mon coeur ralentir, mes yeux se fermer lentement. Quelque chose que je ne saurai décrire me traversa, et, sans que je sache pourquoi, je sentis que l'on m'avait volé une partie intégrante de moi-même. Ma dernière pensée fut :

- Élizabeth Weert, c'est moi.



20/08/2009
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