Chapitre 9

Pour la première fois depuis plusieurs jours, je prenais une douche. On ne se rend pas compte de la chance qu'on a de pouvoir prendre une douche. C'était vraiment la seule chose dont j'avais besoin après cet après-midi que j'avais passé en enfer. L'homme qui s'était évanoui était mort, et celui dont Mireille s'était occupé en premier ne pourrait plus jamais utiliser son bras droit. Les autres patients de la tente s'en sortait avec un plâtre ou des points de suture et devaient rester au moins deux ou trois jours en convalescence.

Vous vous demandez sans doute où je prenais ma douche ? Dans ma tente-dortoir. C'était très bien aménagé. Quand j'entrais dans la tente, il y avait deux lits à droite, et deux à gauche, superposés. Au fond était aménagées une salle de bain à droite et une salle à manger à gauche. L'infirmerie numéro quatre servait les repas.

Je me rhabillai et me dirigeai vers la tente du fond. En courant sur le chemin, j'aperçus quelque chose entre les tentes. Je passai entre deux dortoirs et aperçus ce qui était censé être un cimetière. Mes nerfs lâchèrent. Une quinzaine de corps étaient alignés là, à même le sol. Et malgré ma main sur ma bouche, mes sanglots devaient être bruyants, car quelqu'un m'enlaça par les épaules. Lorsque je me retournai, j'aperçus le grand chef. Je me laissais aller dans ses bras, dans ce cimetière improvisé, sous une brise douce et un couché de soleil.

« Allez, viens. »

Il m'entraina dans sa tente et me fit asseoir dans son fauteuil pendant qu'il réorganisait un peu son espace. Je finis par me calmer et commençai à lui poser des questions.

« D'où venaient-ils ?

- D'Europe du nord. On soupçonne qu'il y a là-bas une concentration de descendants. Le but du refuge est d'essayer de rapatrier le plus de descendants avant que le grand conseil ne les repère.

- Mais pourquoi Etienne m'a-t-il dit qu'il m'emmenait à la Salem School ?

- Tu aurais poser beaucoup plus de questions si il t'avait parler du refuge.

- Je veux commencer par la magie blanche, pas par la magie élémentale. Je pourrais aller avec Mireille...Mais je ne veux plus assister à une arrivée de blesser et ne rien pouvoir faire. »

Il ne disait rien. Il me tournait le dos et avait posé une main sur une étagère. Je me levai du fauteuil et allai poser une main sur son dos.

« J'ai une dernière question. Et je veux que tu répondes.

- Je t'écoute, répondit-il.

- Quel est ton nom ? Je veux pouvoir t'appeler par ton nom. C'est assez... gênant de ne pas connaître le prénom d'un garçon que j'ai embrassé.

- Je m'appelle Charly.

- Je m'attendais à un truc horrible. Pourquoi tu ne veux le dire à personne ?

- Je préfère quand ils m'appellent grand chef. Ça inspire plus de respect quand les gens t'appellent grand chef.

- Tu as un orgueil complètement démesuré... »

Il se retourna et je mis ma bouche à hauteur de la sienne.

« J'aime ça... » dis-je.

Il approcha doucement ses lèvres des miennes, comme pour me demander la permission. Je lui accordait en posant ma bouche sur la sienne. Tout en nous se mélangea à ce moment-là. Nos haleines, nos langues, nos âmes. Ce baiser était encore meilleur que le précédent. Je sentais le désir monter à la fois en moi et en lui. J'avais une envie irrépressible de ne faire qu'un avec lui.

« Charly... prononçai-je dans un chuchotement.

- Ça sonne bien quand c'est toi qui le dit... » me répondit-il d'une voix assuré.

Il reprit possession de moi en une fraction de seconde. Cette attirance que j'avais pour lui était tellement physique que j'avais presque envie de l'assimiler à mon corps. Je n'avais pas envie que cette sensation s'arrête, cette boule dans mon ventre était tellement agréable, cette force inconnue que j'avais dans les bras si puissante. Mais son téléphone sonna. Je ne l'avais pas remarqué, pourtant il sonnait de façon continue et stridente. Il commença à décoller ses lèvres des miennes.

« Laisse-le sonner... lui dis-je.

- Non, c'est peut-être important... »

Il se sépara de moi et décrocha. En fin de compte. Il était le plus apte à diriger ce refuge. Moi je n'aurais pas répondu...Mais finalement, ça n'aurait pas changé grand chose. Lorsque il raccrocha, il se précipita dehors. Je le suivis, pour voir que toutes les tentes étaient détruites et que le refuge était désert. Au milieu des tentes détruites trainaient des papiers et des livres. Nous n'étions. Tout le monde avait disparu. Etienne, Richard, Michel, Mireille... Un papier vola devant devant moi. Je le ramassais, et mon corps se mis à trembler si fort que je dus m'asseoir. Charly me prit le papier des mains.

« Nous n'avons tué personne pour le moment. Nous attendons que tu sois entre nos mains. Mais retiens une chose : ta petite amie surdouée sera tuée sous tes yeux, et tu ne mourras pas avant de nous l'avoir demandé. » lut-il à voix haute.

« Je suis un bon à rien... »

Je le voyais pleuré, et les larmes me montèrent aux yeux, non pas parce que Charly pleurait, mais parce que tout ce que je croyais être sécurité avait disparu. Je croyais que le refuge répondrait à mes questions, à ma solitude, à ma crainte d'être dangereuse, mais il avait été détruit. Cela ne faisait que trois jours que j'avais quitté ma mère, mais j'avais l'impression d'être partie depuis une éternité. Mes amis avaient disparu pour la plupart. Ma mère n'était plus là pour me donner des conseils. J'avais des pouvoirs dévastateurs, et je ne pourrais jamais apprendre à les contrôler.

« Il faut qu'on bouge, Julie, dit-il d'une voix faible. Si on reste ici, ils vont nous avoir. »

Il me prit le bras et m'aida à me relever. Il me dit d'aller chercher mes affaires plus quelques autres que je trouverais utiles. Je retournais vers ce qui avait été ma tente. Le problème est que je n'avais rien emporté. Je trouvais quelques affaires qui devaient appartenir à mes camarades de chambre inconnus. Je marchai alors sur quelque chose qui craqua sous mes pas. Sous mon pied était écrasé un cadre, avec une photo d'une jeune fille que je pensais être ma camarade de chambre, avec sa famille. Nous devions absolument sortir tout le monde de cette situation.

Après avoir pris ce que je pensais être nécessaire, je retrouvai Charly, assis dans les feuilles.

« Il faut qu'on les sauve, dis-je en m'asseyant.

- Et comment veux-tu qu'on fasse ? Nous sommes deux, dont une qui ne sait pas encore contrôler ses pouvoirs, contre le grand conseil. Ils sont les plus doués de leur race, et ils sont quatre. Pour l'instant, on ne peut aider personne, juste empirer leurs conditions.

- Mais qu'est-ce qu'on fait alors ? On ne va pas rester assis les bras croisés pendant qu'ils sont tous enfermés quelque part !

- On va aller au pentacle originel, c'est la seule solution.

- Le pentacle originel ? demandai-je.

- C'est de là que vienne tous nos pouvoirs. Mais je ne sais pas ni où elle est, ni si elle existe vraiment...

- Tu veux dire qu'on va chercher quelque chose qui n'existe sans doute pas ? »

Il ne répondit pas, j'en déduisis que j'avais vu juste. Le pentacle originel était une légende qui expliquait nos pouvoirs. Si il était brisé, toute la communauté de Salem disparaîtrait. Ce qui serait le plan de secours idéal. Si nous le trouvions, nous pourrions faire chanter le grand conseil, pour qui le pouvoir est primordial. Mais comment faire avec une légende ?

« Et par où tu comptes commencer ? demandai-je.

- Il y a une grande fête tous les ans qui célèbre ce pentacle. Elle ne se déroule jamais au même endroit, pour ne pas éveiller les soupçons de la population. Nous irons et nous récolterons quelques informations.

- Très bien. Et où se déroule-t-elle, cette année ?

- À Paris, dans les catacombes.

- On va aller en France ?

- Oui, et gratuitement. »



06/01/2011
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