Chapitre 8

Le refuge, comme l'avait nommé Malcolm, se trouvait en plein cœur d'une forêt. Des chênes poussaient un peu partout, et d'autres avaient déjà plus de deux cents ans. Des feuilles mortes jonchaient le sol, et il avait certainement plut récemment, car les feuilles étaient humides et glissantes.

« Ne bouge pas, me dit Malcolm, je vais chercher des sorciers blancs pour les soigner. »

J'attendis, comme il me l'avait dit. Les trois garçons étaient allongés sur le sol. Je m'approchais de Richard qui semblait être le plus amochés et passait ma main sur ses brûlures. Si Elenna avait raison, je pouvais utiliser n'importe quelle magie. Mais comment fallait-il que je fasse ? La magie blanche servait à aider les autres. J'avais envie d'aider Richard. Je fermai les yeux et concentrai mon énergie au creux de ma main. Dans mon esprit, je la visualisait blanche, lumineuse, aspirant le mal dont souffrait le vampire. En ouvrant les yeux, je vis que ma main scintillait. Je la passai sur la première brûlure. Celle-ci cicatrisa, diminua, et finit par disparaître sans laisser de cicatrice. Mon ventre commença alors à me faire mal. Enfin, la peau sur mon ventre. Je soulevai mon T-shirt, et vis qu'une brûlure commençait à s'étendre. Je compris alors que la brûlure, je ne l'avais pas soignée, je l'avais absorbée. Elle me faisait de plus en plus mal, et la douleur devint vite insupportable. J'étais pliée en deux, au milieu des feuilles mouillées. Un cri aigu de douleur sortit de ma bouche, et mon corps tout entier trembla, puis tomba à terre.

« Julie ! cria une voix, que je reconnus comme celle de Malcolm. Qu'est-ce qui c'est passé ?

- J'ai essayé de soigner les brûlures de Richard... couinai-je. Et je me retrouve avec

une sur le ventre... »

Il souleva mon T-shirt et plusieurs personnes, qui l'accompagnaient, se tinrent les mains, en cercle autour de moi. Je sentais ma brûlure se rapetisser et disparaître. Je restai allongée un moment à terre, jusqu'à ce que je ne ressente plus aucune douleur. Au bout de quelques minutes, je me rassis, pendant que les sorciers blancs emmenaient Richard, Michel et Etienne.

« Pourquoi je me suis retrouvée avec la brûlure de Richard ? demandai-je à Malcolm.

- Tu n'as pas utiliser un sort de soin, mais un sort d'absorbtion. En général, les mages blancs s'en servent en cas d'urgence pour absorber les pouvoirs d'un de leur camarade, et l'utiliser. Mais très peu de sorciers blancs en sont capables. Et personne n'a jamais pensé à l'utiliser pour absorber les blessures de quelqu'un. Bon allez, debout, que je te fasse visiter le refuge.

- Comment savais-tu qu'il y avait un refuge ici ? Je croyais que tu ne savais rien de ce qui se passait à l'école.

- Le conseil a une totale confiance en moi. Il m'ont ordonné de jouer celui qui est contre l'école pour avoir la confiance de ceux qui se réfugient ici. Mais plus je passais de temps avec eux, plus j'ai compris que le conseil tramait quelque chose en profondeur. Je ne sais pas encore quoi, mais je ne vais pas tarder à le découvrir.

- Mais comment vas-tu faire, maintenant que tu es ici ? demandai-je.

- Je vais retourner à l'école, et leur dire que tu as réussi à te téléporter, avec tes grands pouvoirs, dit-il en souriant, et que je ne sais pas où tu es allée. Mais je ne reviendrai pas avant un petit moment. Enfin bref, commençons la visite. »

Nous entrâmes dans un campement où une cinquantaine de tentes blanches s'alignaient sur le bord d'un chemin. Certaines étaient complètement fermées, d'autres possédaient un auvent sous lequel d'autres adolescents riaient en jouant au cartes ou en s'essayant à la magie. Il n'y avait pas que des sorciers. À plusieurs reprises, j'aperçus des anges, qui lisaient tranquillement, et des vampires, qui s'amusaient à torturer une pauvre bestiole en l'astiquant avec un bout de bois. D'autres étaient ouvertes, mais sans auvent, et aucun bruit n'en sortait. Le chemin aboutissait sur une tente marron, plus grande que les autres.

« Les tentes fermées, m'expliqua Malcolm, c'est l'infirmerie. Il y en a deux au début, face à face, et deux à la fin. Les tentes avec un auvent, ce sont les dortoirs. Et les tentes silencieuses, les salles de classe, si on peut appeler ça comme ça. Mais pour l'instant, tu dois aller voir le rebelle en chef, dit-il ironiquement. Il est dans la tente marron. Bon, je vais devoir y aller, Julie. »

Il me prit dans ses bras, et je lui rendit son étreinte. Il m'avait aidé comme personne, et je lui étais très reconnaissante. Il me promit de revenir vite, mais je ne lui en voudrais pas si il ne tenait pas sa promesse. Il devrait ce qu'il pouvait pour cacher ce lieu.

Je repris mes esprits et poussai le bout de toile qui me barrait l'entrée. Lorsque celui-ci retomba, je me retrouvai dans une tente qui ressemblait à un repère de sorcier vaudou – tel que je me l'imaginai. Des têtes de mort un peu partout, des trucs qui fumaient sur les étagères, une vague odeur de renfermé. Le tente était circulaire, avec une sorte de fenêtre à l'opposé de l'entrée. Devant était placé un bureau, et le long de la toile, des étagères étaient montées. Quelque chose sur une des étagères attira mon regard : un trophée en forme d'os... en fin de compte pas seulement en forme. C'était un vrai os, comme le confirmait l'écriteau « Véritable phalange de dragon ». Je tendai le doigt vers l'os.

« Ne touche pas ! » cria un homme derrière moi.

La surprise me fit avancer la main, et je touchai accidentellement l'os. Celui-ci commença par s'effriter, puis finis en poussière. Le rouge me monta aux joues, je n'osais pas me retourner. J'entendis des pas se rapprocher de moi, puis s'arrêter juste dans mon dos.

« C'est pas vrai ! Mais qui est-ce qui m'a fouttu une idiote pareille ! dit l'homme.

- Mais je ne vous permet pas ! Vous n'aviez qu'à être là quand je suis arrivée ! »

L'homme qui se tenait en face de moi était le stéréotype parfait du mauvais garçon. Il devait avoir une vingtaine d'années. La barbe de trois jour, les cheveux en bataille, brun, le regard sombre. Il avait un long manteau en fourrure, des bottes noires qui donnait un effet agressif. Son pantalon serré était rentré dans les bottes, et à sa ceinture était accroché une dague de vingt centimètres de long. Un baguarreur, en somme.

« On ne t'a donc jamais appris à toucher avec les yeux ?

- Non, malheureusement pour toi, ma mère n'a jamais eu les moyens de m'emmener visiter quoi que ce soit. »

Ma réplique parut le faire réfléchir. Il me regarda avec insistance, et je soutins son regard. Il finit par aller s'asseoir au bureau, qui semblait être le sien.

« Tu es Julie la sorcière surdouée, c'est ça ? dit-il avec désinvolture.

- Sans doute.

- Bon, alors. Ton dortoir est le numéro trente-deux. Tu prendras le lit numéro quatre. Il y a Viktor, lit un, sorcier blanc, Kelly, lit deux, sorcière élémentaliste, et Jean, lit numéro trois, sorcier élémentaliste lui aussi. Voici ton emploi du temps. »

Il me tendit un bout de papier froissé sur lequel était tracé un tableau à la va-vite. Toutes les journées, j'avais le même programme. Je commençais par un cours de concentration de deux heures, qui commençait à neuf heures trente. Puis, à quinze heures, j'avais un cours de pratique de la magie élémentale de trois heures.

« Je croyais que je pouvais utiliser plusieurs magies différentes. Pourquoi il n'y a que la magie élémentale qui est enseignée ?

- D'abord parce que nous manquons de sorciers élémentalistes. Ensuite parce que les sorciers blancs qui enseignent sont peu nombreux, enfin parce qu'aucun mage noir n'est présent ici à par toi.

- J'ai une autre question. Pourquoi n'ai-je vu aucun loup-garou dehors, avec les autres ?

- Les clébards dorment dans les bois. Point final. »

J'avais du mal à concevoir l'idée qu'Etienne soit un « clébard », qu'une fois guérit, il irait dormir dans les bois.

« Pourquoi ? demandai-je avec une voix pleine de reproche.

- Parce que c'est leur place. Libre à toi de les rejoindre, si tu le désires.

- Je ne veux pas les rejoindre. Je veux qu'eux nous rejoigne.

- Écoute, s'ils sont dans la forêt, c'est parce qu'eux l'ont voulu, je n'ai rien demandé. C'est une tradition, ou je ne sais quoi. Si l'un d'eux veux venir, il n'a qu'a venir.

- Et arrête de les traiter de clébards. »

Il s'approcha de moi pour arrêter son visage à deux centimètres du mien. Il me dévisagea sous toutes les coutures, et finit par me dire :

« Écoute bien ce que j'ai à te dire : C'est moi qui dirige ce refuge. J'appelle les autres comme je veux. Et toi tu n'as qu'une chose à faire : m'obéir.

- Et si je n'obéis pas ? Qu'est-ce que tu feras ?

- Tu n'apprendras rien, et tu resteras à ce stade de ta maîtrise, si on peut appeler ça comme ça. »

Je mis le bout de papier dans la poche de mon jean et partit d'un pas furieux de la tente. Non mais franchement, pour qui se prenait-il ? Il me donnerait presque envie de retourner à la Salem School... Comment un mec comme lui pouvait diriger un refuge ? Il n'était pas de taille à diriger quoi que ce soit... Et d'ailleurs, qu'était-il au juste ? Il ne m'avait rien dit au sujet de son identité. Je ne connaissais même pas son nom ! Ni sa race d'ailleurs. Je ne savais pas s'il était un vampire, un loup-garou, un sorcier... En tout cas, il n'était certainement pas un ange. Et vu la façon dont il traîtait les loup-garous, il n'en était pas un. Mais finalement, il ne valait même pas la peine que je pense à lui. Il valait mieux que je me soucie de mes amis. Malcolm m'avait dit que les deux dernières tentes étaient des infirmeries. Autant le vérifier tout de suite.

J'entrai dans la première tente, à ma droite. Elle paraissait plus longue de l'intérieur que de l'extérieur, et une dizaine de lits étaient alignés de chaque côté. Seulement cinq d'entre eux étaient remplis. Au fond de la tente était assise une femme, d'une trentaine d'années, qui me fixait à travers ses lunettes à monture violette. Elle était vêtue d'une blouse blanche, et un badge indiquant son nom – Grace – était accrochée à sa poitrine.

« Excusez-moi, dis-je, je cherche Etienne, Richard et Michel. Savez-vous où ils sont ?

- Ils sont dans la section 2. Au début du camp, à ta droite. Ici, c'est la section 4.

- Merci. À bientôt !

- Avec plaisir, même si je ne l'espère pas pour toi ! »

Je luis souris et sortis de la tente. Je repartis vers le début du camp. Au passage, j'aperçus la tente numéro 32. Une fille – que je supposais être Kelly – s'entrainait à la maîtrise des éléments avec un garçon – Jean. Le dernier – Viktor – était absorbé par un livre dont je ne pouvais voir le titre. Je riais à l'intérieur : même dans un monde inconnu de tous, il y avait toujours cette hiérarchie scolaire, avec les cancres, et les bons. Ceux qui travaillaient, et ceux qui avaient un don.

J'ai continué sur le chemin, jusqu'à la sortie. Je suis entrée dans la tente à ma droite. Quatre lits étaient occupés, dont trois par les garçons. « L'infirmière » qui était au bureau vint vers moi.

« Vous êtes Julie ? Le grand chef m'a prévenu que vous passeriez. Vos amis ne font que dormir, ne vous inquiétez pas. Ils devraient s'éveiller au plus tard demain.

- Merci. Le grand chef ?

- Oui, l'homme qui dirige ce camp.

- Quel est son nom exactement ?

- Personne ne le sait, mademoiselle.

- Personne ? Et qu'est-il ?

- Personne ne le sait non plus. Il n'a jamais usé de ses pouvoirs en notre présence.

- On dirait qu'il veut garder quelque chose de cacher.

- Ne parlez pas de lui comme ceci, il fait peut-être peur à première vue, mais c'est un homme bon. Sans lui, aucun de nous ne serait ici.

- Qu'a-t-il fait de particulier ?

- Il a beaucoup de courage. C'est lui le premier à s'être rebeller contre le grand conseil et à s'être échappé de la Salem School. Mais les seuls qui connaissent sont talent et son nom sont restés là-bas.

- Mireille...Si vous continuez, je vais être obligé de vous renvoyer à la Salem.

- Je vous laisse vous occuper d'eux, alors ? demanda Mireille.

- Oui, merci. »

Mireille quitta la tente et me laissa seule avec monsieur-je-me-la-pète en personne. Je m'assis à côté du lit d'Etienne et lui prit la main. Il semblait paisible, comme s'il faisait un rêve agréable.

« Alors, que t'a donc raconté la gentille Mireille ?

- Que tu avais créer ce refuge et que tu étais le premier à te rebeller contre le conseil.

- Penses-tu toujours que je suis inapte à le diriger ?

- Évidemment, répondis-je avec arrogance, en le regardant. »

Il s'approcha de moi, me souleva et me plaqua contre le mur en me tenant les épaules. Malgré la violence de ses gestes, il n'y avait aucune lueur de colère dans son regard. Ce qui était en totale contradiction avec ce qu'il me disait :

« Écoute moi bien, Julie Bishop. Si tu es ici, c'est parce que je l'ai bien voulu. Si ce camp n'était pas là, tu serais en ce moment-même en train de mourir dans un sous-sol plein de lave ! Et ça, tu vois, je ne peux pas le permettre ! »

Il avait une pointe de crainte et de terreur dans la voix, et ses yeux exprimaient de la tristesse.

« Pourquoi ? Pourquoi m'avoir sauvée, hein ? Et comment as-tu su qui j'étais ?

- C'est Malcolm qui m'a apporté ton...dossier. Avec des photos, des commentaires. Pourquoi ? Parce que tu es une des sorcières les plus talentueuses que la Terre ait jamais portée. Si tu tombais aux mains du grand conseil, ce serait désastreux, et ensuite parce que... »

Je voyais ses yeux passer de mes yeux à mes lèvres. De près, sans son air torturé et sa colère dans les yeux, il était assez attirant je dois dire. Ses yeux avaient beau être marrons, cela ne les empêchaient pas d'être profonds et j'avais l'impression qu'il lisait en moi comme un livre ouvert.

« Parce que ? » demandai-je d'une voix qui se voulait plus séductrice qu'interrogatrice.

Ses lèvres avaient un goût salé et sucré à la fois. Il passa ses mains derrière mon cou, et je me plaquai contre son corps. Nous traversâmes la tente et ce fut lui qui se retrouva contre le mur. Je glissai ma main le long de sa nuque, puis de son dos, et le serrai contre moi. Je suffoquai, mais ce baiser était tellement bon que je ne voyais plus aucune raison de respirer.

« Vas-y grand chef, te gêne pas ! » tonna une voix derrière moi.

Je repoussai le grand chef – et me rendit compte que je ne connaissais même pas le nom du garçon que je venais d'embrasser. Et me retournai pour voir Etienne assis dans son lit. Il s'était réveillé, et j'étais plus qu'heureuse, mais très gênée. Je baissai les yeux, mais Etienne me rassura :

« Eh, t'inquiètes pas, Julie. Tu peux être contente : t'as fait craquer le grand chef !

- La ferme, clébard ! dit-il pendant que je lui jetais un regard noir.

- Ouai, taquine-moi si tu veux. »

Et ils éclatèrent de rire. Je compris alors que le mot clébard, dans la bouche du « gand chef », n'avait rien de méchant envers mon ami. Ils devaient sans doute se connaître mieux que je ne le supposais.

« Bon, je n'ai plus rien à faire ici. Julie, tu restes ici avec Mireille, qui va bientôt revenir, pour le reste de ma journée. L'infirmerie ferme à dix-huit heures. Tu passeras me voir ensuite dans ma tente.

- D'accord » répondis-je.

Il sortit de la tente et Etienne se mit à me regarder d'un drôle d'air.

« Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je.

- J'arrive pas à croire ce que je viens de voir. T'as embrassé le grand chef !

- Et alors ?

- Tu ne connais même pas son prénom !

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? C'est moi que ça regarde...

- Tu comptes lui demander ?

- Bien sûr, dès ce soir.

- Ah oui, c'est qu'il t'a demandé de le rejoindre, dit-il en souriant.

- Tu ne sais pas non plus ce qu'il est, je suppose...

- Personne ne le sait. Peut-être seras-tu la première...

- Ce serait vraiment... »

Je ne pus finir ma phrase car Richard, qui était réveillé lui aussi, m'avait balancer un oreiller en pleine figure. Ni une, ni deux, je pris celui du lit le plus proche de moi et le balançait sur Richard. Nous étions partis tous les trois dans une bataille de polochon lorsque Michel en lança un sur Etienne.

« On peut pas dormir tranquille, dans ce bled... »

Une chose à retenir : lorsque Michel venait de se réveiller et qu'il n'avait plus ses ailes, il n'avait plus rien d'un ange, juste d'un top model. J'étais tellement essoufflée à force de rire que je me suis assise sur un lit. Une bonne dizaine de minutes après que tout le monde se soit calmé, Michel décida de parler.

« Comment on est arrivés ici, d'ailleurs ?

- C'est grâce à moi...et à Malcolm.

- Grâce au lèche-botte ? dit Richard.

- Oui, eh bien, sans lui, nous serions tous attachés à des poteaux de bois suspendu au-dessus de la lave. C'est lui qui nous a téléportés hors de l'école.

- Attends...Il connaît l'existence du refuge ? demanda Etienne d'un ton méfiant.

- Oui, il m'a dit qu'il se servait de la confiance aveugle du grand conseil pour informer le refuge de ce qui se passait ici, répondis-je.

- Il faut en parler au chef. Bon, on file. A bientôt, Julie.

- Mais où allez-vous ? »

Mais ils étaient déjà partis. Mireille entra dans la tente et me demanda ce qu'il s'était passé. Je lui répondit qu'ils allaient beaucoup et qu'ils avaient déserté la tente...Me laissant le soin de remettre toute la tente en ordre. Je venais juste de remettre en place le dernier oreiller lorsqu'une énorme détonation se fit entendre de l'extérieur. Mireille se rua dehors et je la suivis. Tout le campement se retrouvait dans l'allée centrale, ce qui représentait un beau paquet de monde. Une deuxième détonation me fit tressaillir, venant de la où j'avais atterri en arrivant. Les flammes dévoraient le bois. Plusieurs sorciers élémentalistes s'affairaient à diminuer puis éteindre le feu, mais cela semblait inutile car il revenait à la charge. Lors de la troisième détonation, un visage apparut dans les flammes, que je reconnus comme celui de Gabriel. Il s'exprima d'une voix à faire trembler une statue.

« Enfin, nous avons réussi à vous retrouver. Je vois que votre grand chef, comme vous l'appelez, n'est pas là pour le moment. Faites-lui passer un message de notre part : il sera le dernier à être tué, pour avoir la mort de tout le monde ici sur la conscience. Ne vous inquiétez pas, le feu va s'éteindre. Mais je ne vous conseille pas de lancer de nouvelles expéditions. »

Le visage s'éteignit en même temps que le feu, dans un nuage de fumée qui fit tousser même ceux qui se trouvaient tout au bout du camp. Une ombre apparut alors dans la fumée. Un homme arriva avec un blessé sous le bras. Et plusieurs dizaine d'autre arrivèrent dans la minute qui suivit.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demandai-je à Mireille.

J'étais perdue, je ne comprenais rien à se qui se passait. Quinze minutes auparavant, je lançais des oreillers dans la tête de mes amis, maintenant, des hommes et femmes revenaient blessés. Tout le monde autour de moi paniquait. Mireille m'attrapa par la main et m'emmena dans la tente. En arrivant au calme, je me rendis compte que je pleurais. Elle me fit asseoir et me prit les mains.

« Julie, reprends-toi ! Je vais avoir besoin de toi ! »

Je tentai de me calmer et séchais mes larmes. Mireille avait raison : je devais l'aider.

« Qu'est-ce que je dois faire ?

- Pour l'instant, tu ne peux pas utiliser de magie blanche, mais pour je ne pourrais pas soigner tous les blessés. Alors tu essayeras de limiter l'importance des blessures. Tu stoppes les hémorragies, tu réconfortes ceux qui vont mal...

- Comment faire ? Je n'ai jamais stopper une hémorragie...

- Tu prends une compresse, et tu appuies sur la blessure. Dis-moi une chose : tu n'as pas peur du sang ?

- Non...Enfin...Je ne pense pas.

- Bon...Espérons qu'une phobie ne se révélera pas aujourd'hui... »

Mireille amena le chariot au milieu de la tente, et les blessés commencèrent à arriver. Seulement la moitié des lits furent remplis, et lorsque je demandais à Mireille pourquoi, elle me répondit que sa tente n'était réservée qu'aux blessés les plus graves. Pendant qu'elle soignait le plus touché avec sa magie, je m'occupait d'une femme qui avait une petite hémorragie au niveau du bras. Je pris des compresses sur le chariot et appuyai fermement sur la blessure. Le femme gémit et je me demandai si je ne faisais pas quelque chose mal. Je jetai un coup d'œil vers Mireille, qui me fit signe que je faisais ça très bien. Un homme sur le lit d'en face commençait à perdre connaissance. Je demandai à la femme d'appuyer sur sa blessure, ce qu'elle fit. Je me précipitai vers le lit d'en face.

« Allez, on se réveille, faut pas se laisser aller ! »

Je remarquai vite que je ne pouvais pas lui donner de soin qui le soulagerai et demandai à Mireille d'intervenir. Elle se précipita vers l'homme et me fit signe de passer au suivant. Ce fut l'après-midi la plus longue de ma vie. 



22/12/2010
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