Chapitre 12

Le grand conseil m'avait ramenée à la Salem School. Sauf que cette fois, ils avaient pris soin de me laisser sous surveillance. Malcolm était donc assis sur une chaise, en face de moi. Il me fixait avec curiosité, comme s'il attendait quelque chose de moi.

« Quoi ? J'ai un truc sur le visage ? lui demandai-je agressivement.

- Oh, je t'en prie. Ne me dis pas que tu m'en veux pour avoir jouer double jeu...

- Eh bien si, je te le dis. Avec qui étais-tu, exactement ?

- Réponds-moi franchement, me dit-il alors. Tu m'en veux d'avoir trahi le Refuge, ou seulement de ne pas avoir été honnête avec toi ?

- Qu'est-ce que tu insinues ?

- Rien, rien du tout... Si tu veux savoir avec qui j'étais, avec personne. J'aurais été avec celui qui aurait pris l'avantage sur l'autre le premier, en l'occurrence, le conseil, puisque le refuge a disparu.

- Tu sais ce qu'ils attendent de moi ?

- Oui, mais je n'aurais aucun intérêt à te le dire.

- Tu gagnerais une part de ma confiance, et le jour où je détruirai ce conseil, je t'épargnerai peut-être...

- Dit-elle alors qu'elle ne contrôle pas ses pouvoirs... Tu penses sérieusement pouvoir te dresser contre le conseil au complet ? me dit-il avec un air moqueur.

- Il n'est plus au complet, fis-je remarquer.

- Chaque personne, au conseil, est la meilleure dans sa spécialité. Tu n'as aucune chance d'arriver à les battre.

- Ne serais-tu pas au courant ? Ou dois-je te rappeler que j'ai failli tuer Elenna dans la limousine ?

- C'est déloyal, comme façon d'agir. Affronte-la dans un vrai face à face magique. Tu verras alors de quoi elle est vraiment capable. Tu ne gagneras jamais contre elle sans un minimum de formation magique.

- Mais je ne demande que ça. »

Il se leva et s'assit à côté de moi sur le sofa blanc. Il me fit signe de me taire en mettant son doigt devant sa bouche et pointa du doigt quelque chose d'invisible. Il ferma les yeux, pour se concentrer. Puis je sentis de la chaleur émaner de son corps. La température de la pièce grimpa de plusieurs degrés. Je m'attendais à ce que la pièce toute entière prenne feu. Puis, d'un seul coup, le corps de Malcolm se refroidit, et une flamme apparut au bout de son doigt. Une simple flamme. Si j'avais du comparer cela à quelque chose, ça aurait été à un film où le héros apprend que tout ce qu'il a fait jusqu'à présent n'a servi qu'à sauver... une souris. Ou une fourmi. Enfin pas grand chose.

« C'est... c'est tout ? Une simple flamme ?

- Ce que je viens de faire, Julie, c'est quelque chose que très peu de sorcier élémentalistes sont capables de faire. J'ai créer l'élément. La plupart des sorciers ne font que les contrôler. Moi, je peux les créer. Tu ne te rends pas compte à quel point c'est...extraordinaire. »

Il était véritablement passionné par ce qu'il disait, et il était beau comme ça. Il avait de beaux yeux noisettes. Quand il secouait la tête, des mèches lui retombaient devant les yeux. Je me souvins alors que, la première fois que je l'avais rencontrer, je m'étais sentie bien avec lui, je m'étais même endormie contre lui...

« Tu sais, lui dis-je en posant un index sur sa bouche, en général, la première impression que je me fais des gens est la bonne... »

Il me regarda comme s'il avait toujours su ce qui allait arriver. Il attrapa mon visage à deux mains et colla ses lèvres sur les miennes. Je n'avais jamais ressenti ce que j'ai ressenti à ce moment-là. C'était comme si quelque chose avait explosé en moi. Je n'avais pas assez de peau pour tous les frissons qu'il me fit ressentir. Mes mains tremblaient, je pouvais à peine les poser sur son visage. Et j'avais chaud, aussi. Très. Ce qui était normal, à vrai dire, vu le contexte. Sauf que j'avais vraiment très très chaud. Je brûlais littéralement. Je repris ma respiration et ouvrit les yeux. Puis j'arrêtais de respirer : nous étions entourer de flammes.

« Qu'est-ce qui se passe ? s'exclama-t-il.

- Je suis désolée...J'ai du mal à contrôler mes pouvoirs...

- Oui, sauf que tu viens de faire sortir de toi un incendie entier, tu devrais être morte de fatigue...

- Écoute, je ne fais que ça, créer, quand j'utilise mes pouvoirs. De la glace, du feu...

- Alors éteins cet incendie, nom d'un chien !

- Je te l'ai dit ! ripostai-je, je ne contrôle strictement RIEN ! Pourquoi tu ne fais pas comme l'autre fois ? Aspire le feu ! dis-je en toussant. »

La fumée commençait sérieusement à m'encombrer les bronches. Malcolm se tenait droit comme un piquet sur ses deux jambes, légèrement écartées, il avait les bras en l'air et fermait les yeux. Petit à petit, la chaleur baissa, il devait faire une dizaine de degrés dans la pièce. Par conséquent, le feu s'éteignait, lui aussi. Lorsqu'il ne resta plus que de la fumée dans la pièce, j'ouvrit la porte et la fenêtre pour aérer un peu. Je remarquai alors que, lorsque l'on regardait dehors, on ne voyait rien : seulement du ciel. Comme si la Salem School flottait dans une bulle, sans rien autour.

« Bizarre, hein, comme vue ? dit-il en passant ses bras autour de moi.

- Pourquoi est-ce qu'on ne voit rien ?

- Nous ne sommes ni sur terre, ni ailleurs. La Salem School est une autre dimension. Ici, nous sommes au bord de cette dimension. Si tu regardes de l'autre côté de l'école, il y a une grande étendue d'herbe avec une grande église de l'autre côté.

- J'aimerais voir ça, répondis-je. Ce bleu infini... Ça me donnerait le tournis.

- Nous n'avons pas le droit d'y aller...me dit-il platement.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas...Le conseil l'a décidé comme ça.

- Il commence à me taper sur les nerfs le conseil...

- Ils essayent seulement de nous protéger... Ne leur en veux pas... »

Je me retournais pour lui faire fasse. Il pensait vraiment ce qu'il disait en parlant du conseil. J'aimais bien sa façon de réagir. Il n'était pas d'accord avec eux, cependant il les comprenait. J'aurais bien aimé comprendre, moi aussi.

La porte de la pièce étant ouverte, la personne qui y entra n'eut pas la peine de frapper. C'était une petite blondinette maigrichonne, qui nous demanda de nous rendre dans la salle du conseil. Elle s'en alla ensuite. Malcolm me prit la main et m’entraîna à travers tout un dédale de couloirs. Il connaissait le chemin. Preuve qu'il avait vécu ici pendant longtemps.

Lorsque nous arrivâmes dans la salle, seules trois chaises étaient occupées. Le vampire manquait à l'appel. La dernière fois que j'étais venue ici, j'avais mis le feu à toute la salle, même si Malcolm avait tout aspiré.

Ce fut Elenna qui prit la parole la première :

« Je veux d'abord que tout soit clair : les personnes ici présentes n'ont rien à voir avec ce qui c'est passé antérieurement.

- Si je puis vous interrompre...Lorsque je suis venue ici la première fois, la petite amie de Michel m'a conduite ici. J'ai parlé avec elle, elle m'a dit que Michel était à l'infirmerie. Sauf que peu après, comme vous le savez, je les ai trouvés dans les sous-sol. Donc ils n'étaient pas à l'infirmerie, et elle m'a menti. J'aimerais savoir si c'est vous qui avez enfermé mes amis au sous-sol, ou si seul Richard est en cause. Et si cette fille est mêlée à tout ça.

- Richard est le seul mêlé à tes ennuis. Tes amis emprisonnés, la destruction du refuge...Tout ça est de lui. Excepté pour Charlie...(inutile de vous préciser que je lui ai jeté un regard noir). Quand à cette soi-disante fille...Je ne sais même pas qui c'est.

- Moi je la connais, l'interrompit Malcolm. Elle s'appelle Hayley Decastelli.

- Oui, c'est ça, je m'en souviens maintenant.

- Elle est en histoire de la magie avec moi, on doit faire un exposé ensemble pour la prochaine fois. Elle est assez renfermé pour un ange, mais elle est sympa.

- Bon, intervint Samuel. Je crois qu'il est temps d'instaurer un plan. Julie, jusqu'à ce que nous découvrions quelque chose qui nous permette d'agir, nous avons pris la décision que tu prendrais des cours ici. Voici ton emploi du temps, et tes livres, me dit-il en me tendant une feuille de papier et un sac bizarre. Malcolm, tu continues d'aller en cours, tu enquêtes à propos de Hayley, de ce qu'elle fait...Et nous, nous allons opérer sur le terrain. Nous vous ferons savoir lorsque nous aurons du nouveau. Malcolm, tu peux disposer.

- Merci. À plus tard, me dit-il en me caressant la main.

- Faites entrer Alice, dit Ilda. »

J'ai alors vu entrer dans la pièce la fille la plus extravagante que je n'avais jamais vu. Elle avait des dreadlocks de toutes les couleurs : rose, violette, vertes, brunes, blondes, rousses... Enfin, vous avez compris. Elle avait un haut à manches longues noir qui laissait voir ses épaules. Par dessus, elle avait mis un haut à bretelles roses avec un chat bleu dessiné dessus. Elle avait un short noire très court, et des cuissardes rayées rose et bleu. Ses chaussures étaient des bottes de cuir noir. Son visage était magnifique : elle avait des yeux verts d'une brillance extrême. Un piercing en forme de pointe sortait d'en dessous de sa lèvre inférieure, et un anneau entourait son sourcil. Elle avait du vernis noir à pois rose sur les ongles. J'aurais pu la regarder pendant des heures, et remarquer toujours quelque chose de nouveau.

« Julie, je te présente Alice. Elle sera ta tutrice.

- Ma tutrice ? demandai-je.

- Si tu as une question à poser, des problèmes avec quelqu'un, le genre de choses que tous les « petits nouveaux » ont, tu lui en parles.

- D'accord, dis-je en regardant ma tutrice – elle me souriait. »

Les membres du Conseil nous firent signe que nous pouvions partir. Je suivis donc ma tutrice en dehors de l'amphithéâtre. Après plusieurs détours, elle ouvrit une porte fermée à clef et entra, m'invitant à mon tour à entrer. J'entrai, et la lumière s'alluma. Je venais d'entrer dans ce qui allait être ma nouvelle chambre. Je la partageais avec Alice. Celle-ci avait décoré seulement une moitié de la chambre. Lorsque que l'on entrait dans la chambre, il y avait un lite de chaque côté de la porte. En face de chaque lit se trouvait une armoire personnelle. Entre chaque armoire, des bureaux en bois sombre étaient posés. Mais ma propre décoration serait maigre par rapport à la sienne. Il y avait des tissus rouges et violet suspendus partout aux murs. Son armoire était recouverte de miroirs déformants.

« Je dors du côté qui n'est pas décoré, c'est ça ? demandai-je.

- Exactement. Rassure-toi, tu apprendras vite à décorer ta chambre comme tu en as envie.

- Je n'ai qu'à acheter ce que je veux, répliquai-je.

- Il n'y a pas de boutique, ici. Tu ne pourras acheter ni décorations, ni à manger, ni à boire...Rien. Pendant environ un mois, tu vas devoir te contenter de ce qu'ils te proposeront. Ensuite, ils t'apprendront à produire toi-même ce dont tu as besoin. Enfin...Seulement si tu es assez douée, évidemment, mais d'après ce que j'ai entendu, tu es même plus douée que la plupart d'entre nous... Enfin, je parle, je parle...Mais peut-être as-tu des questions ?

- Qu'est-ce que tu es exactement ? demandai-je, curieuse.

- Je suis une sorcière élémentaliste. Comme beaucoup. Tu dois savoir qu'il n'y a pas autant d'élémentalistes que de soigneurs, que de mages noirs... Les mages noirs sont les plus rares, ce sont aussi les plus forts, évidemment. Les soigneurs viennent ensuite, et quand un soigneur a ses pleins pouvoirs, c'est...explosif. À la fin de son apprentissage, un soigneur peut effectuer plusieurs attaques sacrées différentes... C'est totalement dévastateur. Ensuite, il y a les élémentalistes, les plus communs. Bien sûr, certains sont plus doués que d'autre, en matière de contrôle mais aussi de puissance. Et puis certains ne peuvent pas créer leurs éléments. Personnellement, j'y arrive, mais certains, comme les trois quarts des élèves de cette école, ne peuvent pas. Ceux qui y arrivent sont l'élite des élémentalistes. En général, ils deviennent soldats, ou prof. Moi, j'ai déjà choisi.

- Je parie que tu veux devenir soldat, lui dis-je avec un sourire.

- Raté, me dit-elle avec une moue boudeuse. Je trouve ça mauvais de se battre, ça me fait me sentir mal. Je préfère apprendre aux autres ce que je sais. »

Il y eut un blanc dans la chambre. Ce que j'avais dit avais du la perturber. Je commençai à me lever lorsqu'elle me retint.

« J'ai pas fini de parler, me dit-elle avec un sourire radieux – cette fille était décidément très bizarre. Il paraît que tu es une des sorcières la plus douée qu'on ait jamais vu. J'ai vraiment hâte de voir si tu peux te mesurer à moi. Enfin, trêve de discussion, passons au concret. Voici ton emploi du temps, me dit-elle en me tendant une feuille cartonnée. Comme tu le sais, nous sommes des sorcières. Tu vas juste avoir un emploi du temps un peu plus chargé. On a des cours de magie élémentaire, donc toi aussi avec en plus de soins et de magie noire. On a aussi des cours de potions, d'histoire de la magie, d'illusion basique...Enfin, des cours quoi. Tu vas adorer au début, mais ça va vite devenir ennuyeux...Crois-moi.

- École, quoi. C'est quoi... L'illusion basique ? L'histoire de la magie, ou potions, je peux comprendre... Mais Illusion basique ?

- Tu vois mes cheveux ? Regarde bien. »

Comme elle me l'avait dit, j'ai regardé ses cheveux. Certaines de ses dreadlocks avaient vraiment des couleurs flash, dans les tons roses – violette, rouges, roses. Mais plus je les regardais, moins j'en était sûre. J'ai alors remarqué que les dreadlocks en question étaient passées dans les tons marron.

- Elles changent de couleurs !

- Tu viens d'assister à de l'illusion basique. Changement de couleur, de taille, de matière... C'est pas vraiment de l'illusion, mais c'est basique comme truc. Tous les sorciers peuvent faire ça. La robe que tu as achetée est trop grande ? Pas de problème. Tu as juste à utiliser l'illusion basique. Enfin, bref. C'est l'heure de dîner.

- Est-ce qu'on va manger dans une grande salle avec des grandes tables et des bougies qui flottent ?

- Coucou, ma grande, me dit-elle en passant la main devant mes yeux, on est pas dans Harry Potter. On va tous manger dans nos salles respectives. Les sorciers et sorcières entre eux, les anges entre eux, les loups-garous en eux, et les vampires aussi. Pas de mélange.

- Mais pourquoi ? Je veux dire... Au Refuge, tout le monde était mélangé. Même si je n'y suis pas restée très longtemps, j'étais censée dormir avec une personne de chaque race.

- Une union entre deux personnes de races différentes est interdit.

- Mais...

- Des unions de ce genre donne naissance à des êtres extraordinaires. Regarde-toi. Tu es l'union de deux races différentes. Et encore, tu n'es qu'une sorcière. Je suppose que tu connais Charlie, non ? »

Son visage me revint en mémoire. Je m'en voulais énormément de lui avoir ôté la vie, mais encore plus de l'avoir oublié aussi vite. Il me manquait énormément, et j'avais fait comme s'il n'avait été qu'un simple petit ami passager. Je sentais se former une boule dans ma gorge, et mes yeux commençaient à être humides. Je détournais le regard d'Alice pour ne pas qu'elle voit mes larmes couler. Finalement, j'aimais vraiment Charlie. Il était tellement...parfait pour moi ! Il était renfermé sur lui mais en fin de compte il était d'une gentillesse incomparable. Je pris mes affaires et sortis de la chambre. Alice me suivit, mais je ne voulais qu'elle le fasse.

« Non ! » me suis-je exclamée en me retournant.

Le problème était que je ne contrôlais toujours pas mes pouvoirs, et que j'avais déjà commencé à lui geler la moitié du bras. Des élèves qui passaient dans les couloirs nous regardèrent.

« Excuse-moi... » dis-je en m'enfuyant de l'autre côté. 



12/06/2011
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