Chapitre 7

« Nous t’avions dit de ne pas sortir cette après-midi pourtant, tu n’es qu’une tête de mule, rien de plus ! »

En tout cas, je suis sûre d’une chose : c’est que mes grands-parents, quand ils s’y mettent, ils s’y mettent. Ils étaient rouge et bleu. Rouge de colère, bleu de peur, peur que je me sois évanouie, peur que je sois retournée dans cette fichue forêt. A la suite de cette dispute, je fût privée de sortie. Je leur servais tout de même des arguments – comme « il faut que je trouve mon lycée » ou « il me manque encore certains livres » - mais malgré tous mes efforts, ils me dirent qu’ils m’accompagneraient tout au long de la semaine en ville pour satisfaire mes besoins. Je pouvais toute fois sortir de la maison et me promener dans le jardin – sans pour autant aller dans la forêt – et demander à James de me conduire au jardin de la propriété. Le jardin était à six kilomètres de la propriété, et c’est la que ma mère à rencontrer mon père. Elle était étudiante et devait rendre un devoir sur la poussée des fleurs, tandis que lui était sans travail, n’avait pas fait d’études et se demandait comment il allait pouvoir survivre. Mais le hasard – et seulement le pur hasard – a fait que mon père a fait trébucher ma mère et que toute ses feuilles se sont étalées par terre. Il l’a aidée, et mamie m’a dit, plus tard, que ma mère avait considéré cela comme un « signe du destin » et que c’est pour cela que, six mois plus tard, ils quittaient la Virginie pour la Californie. Mais mes grands-parents n’étaient pas d’accord, et ils la déshéritèrent. Son frère fut alors sur le testament. Mais, mon père au chômage et ma mère qui étudiait, ils finissaient rarement le mois. Puis, comme pour dire « la vie fait ce qu’elle veut, et si elle veut vous embêter, ben tant pis ! »je suis arrivée. Bien sur, mes parents me chouchoutèrent, mais on avait rarement à manger dans le frigo quand venait le vingt-cinq du mois. Plus j’y réfléchissais, plus je pensais que mes parents s’étaient suicidés et qu’on m’avait caché la vérité. Ils savaient peut-être que mes grands-parents allaient hériter de moi, une ado rebelle avide de découvrir ce que la vie lui réserve et qui pourtant réussit à se mettre dans un pétrin pas possible sans s’en souvenir.

En sortant de mes pensées, je me suis rendue compte que j’étais retournées en lisière de cette forêt au fond du jardin. Qu’avait-elle de spéciale ? Pourquoi m’y attachais-je autant ? Et puis, il y avait autre chose. Il y avait quelqu’un d’autre. Dans mon rêve, il y avait Stephen. Ce regard, si vide, si froid, qu’il avait quelques fois, me foutait la trouille. « Je t’aurai. ». Cette phrase revenait sans cesse me ronger, sans cesse pour me dire à quel point je m’inquiétais pour lui, sans cesse pour me rappeler à quel point j’étais folle de lui, à quel point je l’aimais. Mais pourquoi avais-je mis autant de temps à m’en rendre compte ? Pourtant, je le savais depuis le début, au plus profond de moi-même.



09/02/2010
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