Environ une semaine après ma nuit de terreur, j'étais retournée au lycée. Nous étions en Décembre. J'avais revu Alex, Josh, Lucy et Giulia. Je me rendis compte que même ma prof d'histoire me manquait. J'avais appris à apprécier Fabrice, Paul, Ashley, Jane, Bea et Katherine, les frères et sœurs de Stephen, et ils avaient appris à m'apprécier en retour. Les parents de Stephen m'avaient acceptée comme l'une des leurs, et me considéraient comme telle.

J'avais dut trouver une bonne excuse pour m'être absentée aussi longtemps. «　Déprime et mal du pays.　» avais-je répondu. Bien sûr, comme d'habitude, Giulia m'avait posé un million de questions sur ce que j'avais fait, si j'y étais allée seule, ou avec quelqu'un, qui m'avait accompagnée lorsque j'avais répondu qu'on m'avait accompagnée, pourquoi on ne voyait plus mes grands-parents, et là je répondis que je n'en savais rien vu que je n'habitais plus avec eux. J'avais gardé ma voiture et mes vêtements, j'allais de temps en temps à la propriété. Un étrange malaise me prenait quand je m'y rendais. Ou plutôt de la nostalgie. J'avais quand même passé de bons moments avec mes grands-parents. Plus j'y pensais, et plus je me disais qu'ils n'étaient peut-être pas si mauvais. Après tout, il ne m'avait pas blessée, il m'avait même protégée lors de ma mésaventure dans la forêt – je ne savais toujours pas précisément ce qui m'était arrivé – en m'interdisant d'y retourner, voir même de ne plus sortir.

Par ailleurs, je me demandais ce qu'étaient devenus James et Mary, avec un étrange et mauvais pressentiment. Je savais que je les reverrais. Inévitablement.

A présent, je pouvais communiquer par la pensée avec ma famille. Je pouvais aussi décider si ils devaient les entendre ou pas. Sauf que les autres ne le pouvaient pas. J'avais une sorte de don, d'après Henry. C'est vrai qu'un médecin dans la famille, ça sert.

Will s'était révélé être un mi-vampire, mi-humain. En fait, les purs vampires, avec un père et une mère vampire, n'ont pas besoin de la Régénération. Seuls les Sang-double, comme ils les appellent, en ont besoin. Dans la famille, il n'y avait que moi, Stephen, et à présent Will qui étions comme ça. Par contre, nous ne savions toujours pas d'où il venait.

A présent, c'est-à-dire deux mois après mon come-back, Stephen et moi étions attablés devant des pates aspergées de sauce tomate – ce n'était pas du sang – avec un verre d'eau. J'avais fait de gros efforts, ces derniers temps. Je ne sentais plus l'odeur du sang, sauf quand on me le mettait sous le nez, évidemment. J'avais pris l'habitude de chasser les animaux avec Stephen tous le week-end. J'avais bien failli céder une fois. Un bébé avait échappé à la surveillance de ses parents, et s'était enfoncé dans la forêt dans laquelle nous chassions. Nous ne chassions plus dans la forêt de l'île. La maison de Cowley était assez grande – je comparais par rapport à mon ancienne habitation – mais le jardin – si on peut l'appeler comme ça – était beaucoup plus grand que mon ancien. Ma nouvelle famille avait même fait pousser une forêt de dix hectares. Ce qui nous facilitait le chemin pour aller chasser.

J'avais aussi le contrôle total de mes muscles. J'avais une force spectaculaire et je courais aussi vite qu'un guépard. Mais je pouvais aussi les vider de toute force, comme lorsque j'étais avec mes amis. Il ne faudrait pas que je leur fasse du mal.

Will dormait dans le transat pour bébé que nous avions installé dans la cuisine.

Il me restait une fourchette de pâtes à engloutir lorsque la sonnette retentit. Je pris Will dans mes bras, et allais ouvrir. C'était Giulia.

- Il me semble que vous avez quelque chose qui m'appartient, dit-elle d'un ton on ne peut plus calme.

Je la regardai, et elle fixait Will. Je vis que Will la fixait aussi. Plus je les regardai, et plus la vérité m'apparaissait. Je m'aperçu avec effroi qu'ils avaient exactement les même yeux.