Chapitre 35 - fin partie 2, fin tome 1

J'étais assise à une table, une assiette de spaghettis devant moi. Will gazouillait dans sa chaise haute pendant que Stephen lui donnait de la bouillie pour bébé. Il avait les même yeux qu'elle. Il avait son sourire. Il avait les cheveux de Stephen. Cela faisait cinq semaine que Will était officiellement devenu mon fils, mais quiconque connaissait Giulia pouvait deviner que ce n'était pas mon fils. Cela faisait cinq semaines que Giulia était morte.

Cela faisait une heure et demie que j'étais allongée sur le sol, la main de Giulia dans la mienne, quand quelqu'un nous avait trouvées. C'était Peter qui nous avait ramenées à la sortie de cette prison souterraine. Stephen avait courru vers moi et m'avait prise dans ses bras, mais je n'avais pas bougé. Puis il avait vu le corps sans vie de Giulia, et il avait pleuré. Il m'avait délicatement assise par terre et avait pris Giulia dans se bras, et il avait pleuré, comme jamais je ne l'avais vu faire. Ce que je craignais, mais que j'avais effacé par une totale confiance en lui resurgissait : il l'aimait encore. Il ne l'avait jamais oubliée. J'avais perdu deux choses avec la mort de Giulia : la meilleure amie que j'avais jamais eu, et ma supposée âme sœur. Malheureusement pour moi, je ne savais pas de quelle façon je pouvais changer ça. J'avais l'impression que mon cœur allait exploser. Je m'effondrai alors contre un mur, et mes larmes coulaient sans que je ne puisse les arrêter. Puis mes yeux se fermèrent et je ne parvenais pas à les ouvrir. Enfin, ma conscience sombra.

 

Lorsque je rouvris les yeux, je me trouvais dans ma chambre chez les Weert. Les draps étaient impeccablement lisses sur mon corps, et Stephen dormait dans un fauteuil, la tête sur le matelas. Le voir ici, à attendre que je me réveille, j'avais presque envie de croire que ce que j'avais vécu n'était qu'un rêve. Mes larmes coulèrent lentement le long de mes joues et finissaient par se perdre dans les draps. Je me levai lentement, pour ne pas faire trembler le matelas. Je sortis de la chambre et m'appuyai sur l'encadrement de la porte.

« Tu es réveillé ? me demanda Stephen.

- Ça ne se voit pas ? l'agressai-je.

- Tu m'en veux encore ? Pourquoi ? »

Il ne savait même pas pourquoi je lui en voulais. Pitoyable.

« Tu aimais encore Giulia. Tu l'aimais encore et tu m'as fait croire que non.

- Je pensais vraiment que je ne l'aimais plus. Mais la voir morte alors que...

- Alors que tu l'aimais ? »

Il baissa les yeux comme s'il cherchait quelque chose qui était tombé. Malheureusement pour lui, la seule chose qu'il avait perdu, c'était l'amour.

« C'est bien ce que je pensais. »

Je pris un sac, mis mes affaires dedans. Puis je descendis au rez-de-chaussée pour prendre les affaires de Will. Une fois toutes ses affaires emballées, je le pris dans mes bras, et sortis dehors. Je me dirigeai vers ma voiture, mis toutes les affaires dedans, installai Will dans son siège auto. Je mettais le contact lorsque quelqu'un vint frapper à ma vitre. Il s'agissait de Stephen.

« Tu ne peux pas partir comme ça. Où iras-tu ? Et pense à Will. Comment va-t-il ressentir ça ?

- Ne t'inquiète ni pour lui, ni pour moi. On a toute l'éternité pour penser à ce qu'on va faire. » lui répondis-je sèchement.

J'appuyai sur l'accélérateur et la voiture avança. Je tournais une page de mon éternelle existence. Une larme coula sur ma joue, mais je savais une chose avec certitude : je ne devais surtout pas me retourner.



20/06/2011
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