Chapitre 22

Je préparais ma valise en compagnie de Stephen. Nous partions en Angleterre. Après trois semaines, Giulia n’était toujours pas revenue. Aucune nouvelle ni d’elle, ni de Will. J’avais peur. Je mis – ou plutôt jetai – deux ou trois T-shirts et deux pantalons dans mon sac. Nous devions faire vite : si, par miracle, elle n’était encore devenue l’une des nôtres, nous avions peu de temps.

Wilma nous tendit les billets que je mis dans mon porte-monnaie. Trois vols pour l’Angleterre. Trois ?

- Qui vient avec nous ?

- Moi !!! s’exclama Ashley en se levant du canapé.

Elle prit son billet et le plaça dans la poche de son blouson. J’adorais Ashley : toujours de bonne humeur, elle savait remonter le moral au plus déprimé des humains. Elle était incroyable. En plus de lire dans les pensées, elle possédait le don de passer à travers les murs. Elle était un Sang-Pur de deuxième classe.

- Allez, vous allez être en retard, nous pressa Wilma.

J’étouffais un rire : avec Stephen, impossible d’être en retard. Lui, contrairement à moi, ne s’épuisait pas. Il était plus vampire qu’humain, et quand il en avait besoin, ses gènes vampires se démultipliaient, ce qui lui permettait de rester indéfiniment en forme. C’était ça son talent.

Nous prîmes nos bagages et nous dirigeâmes vers la porte. La voiture nous attendait. Moi et Stephen montâmes à l’avant et Alice grimpa sur la banquette arrière. Elle ne manqua tout de même pas de se pencher entre les deux sièges pour allumer la radio. Une mélodie plutôt rock sortit de l’autoradio. Je découvris une nouvelle facette de ma demi-sœur : elle aimait le rock. Je pensais déjà à son prochain cadeau d’anniversaire…

Nous fûmes à l’aéroport au bout de dix minutes. Je me souviens, à mon arrivée, James – que je considérais alors comme mon chauffeur et non comme un méchant – avait mis une demi-heure pour arriver à la propriété des Weert. Et ce n’était pas que celle des Crowley était plus proche de l’aéroport, loin de là. En fait, Stephen conduisait vite, très vite. Tellement vite que les radars n’avaient pas le temps de le flasher. J’avais plusieurs fois fermé les yeux, craignant que la voiture aille s’empaler sur un arbre. Je ne m’inquiétais pas vraiment pour nous, mais plus pour la voiture. Ce n’était celle de Stephen. C’était celle de Béa. Et si par malheur elle apprenait que sa voiture était cassée et irréparable…Mais la voiture tait en parfait état, garée sur le parking de l’aéroport.

Nous descendîmes de la voiture et prîmes nos bagages. Les miens et ceux de Stephen étaient basiques : une seule valise et un sac à dos. Ashley, elle, avait trois valises, deux sacs à main, et un sac à dos.

- Qu’est-ce que tu as, là-dedans ? lui demandai-je.

- Mes vêtements, plus quelques affaires de toilette et de maquillage, me répondit-elle.

- Et tu as besoin de trois valises pour tout ça ?

- Non, il n’y a que mes vêtements dans les trois valises.

- Mais pourquoi emmènes-tu autant de vêtements ?

- Voyons, Sophia ! Tu sais bien que j’accorde beaucoup d’importance aux vêtements !

- Ce qui revient très cher à Henry ! l’interrompit son frère.

- Ce n’est pas l’argent qui lui manque… lui répondit sa sœur.

- Peut-être mais cela nous permettrait d’acheter plus de choses si tu acceptais de porter plusieurs fois un T-shirt…

Et ils n’arrêtèrent pas de se chamailler jusqu’à ce que nous soyons assis dans l’avion. Par mesure de précautions, je m’étais assise au milieu, pour éviter d’avoir à supporter quatre heures de chamaillerie entre deux fauves.

Ashley était très concentrée sur son livre lorsque Stephen prit mon menton entre ses mains. Il me regarda de ce regard qui les fait toutes tomber et il me sourit mielleusement. Impossible de lui résister.

- J’espère que moi et ma sœur ne t’avons pas trop embêtée, tout à l’heure…me dit-il silencieusement.

- Pourquoi je me suis mise entre vous deux, à ton avis ?

- Je suis désolé. Mais Ashley…

- Non, ce n’est pas Ashley…Vous êtes autant coupables l’un que l’autre.

- D’accord maman, me dit-il en souriant.

- Je te déteste ! m’exclamai-je en pensée.

Il m’embrassa directement. Je fus si surprise que je gloussai, ce qui tira Ashley de son bouquin.

- Dites donc, vous deux, on est dans un avion, là.

- D’accord, là, c’est elle qui a tort, ajoutai-je à l’attention de Stephen.

Nous fûmes alors pris d’un fou rire qui n’en finit pas. Ashley se demandait ce qui nous faisait tant rire. Évidemment, nous refusâmes de lui dire, et elle bouda jusqu’à la fin du trajet.

Une fois arrivée à l’aéroport, je fus prise d’un sentiment de nostalgie. C’était dans un aéroport comme celui-là que tout avait commencé. Ma rencontre avec Stephen, celle avec mes grands-parents. À ce moment, je les prenais pour de simples grands-parents un peu vieux jeu. Je les aimais. À présent, ils étaient morts. Il s’était passé tellement de choses depuis mon arrivée ici. Mais je ne regrettais en rien ce qui s’était passé, bien que certaines choses, comme la mort de mes grands-parents, ne me satisfaisaient guère. Mes souvenirs étaient pareils à une petite brise : au début, on ne l’aime pas, puis, avec le temps, on apprend à l’apprécier.

Justement, le vent froid de Londres me tira de mes pensées. Bien que mes gènes de vampires me permettaient de supporter le froid, mon côté humain était frigorifié. Je n’avais jamais été exposée à pareille sensation. C’était comme si une partie de mon corps était plongée dans la lave d’un volcan tandis que l’autre était immergée dans une mer de glaçons.

- Tiens, prends ça, me dit Ashley en me tendant un blouson.

- Merci, lui répondis-je.

Le blouson était doublé d’une polaire, ce qui me réchauffa et mit fin à la guerre entre mes cellules. Et comme pour me combler, Stephen mit son bras autour de mes épaules. Je lui souris, un sourire qu’il me rendit sans attendre. Je me serrais contre lui. Quand il était là, je me sentais invincible. Comme si, sans lui, je serais incapable de vivre. D’ailleurs, s’il disparaissait, je ne m’en remettrais probablement jamais. Ce qui me faisais peur, car ce que nous allions vivre allais sans doute être difficile. J’étais presque sûre que nous allions devoir affronter James et Giulia. Le plus dur serait Giulia. Quand nous la retrouverons, elle sera juste transformée, et ses talents vampiriques seront très développés. Et nous aurions beaucoup de chance si nous nous en sortions vivants.



29/06/2010
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