chapitre 28

Le numéro 54 brillait à la lueur des néons. Je frappai doucement contre le bois beige de la porte. J’entendis la serrure se déverrouiller, puis la poignée s’abaissa. Le visage inquiet de Stephen apparut. Mais de l’inquiétude, son expression passa à la surprise. Un sourire s’étira sur ses lèvres, puis il me prit tendrement dans ses bras, ignorant Will. Celui-ci signala sa gêne en pleurant. Stephen s’écarta de moi en gardant un bras autour de mes épaules, pour être sûr que je ne disparaisse pas de nouveau. Il nous fit asseoir sur le lit. Il n’avait toujours rien dit depuis que j’étais revenue.

- Stephen, ça va ?

- Maintenant, à peu près. Mais tu es là, et visiblement, il s’est passé quelque chose de bien.

Je n’aurais pas qualifié ce qui s’est passé de « bien ». Certes, j’avais récupéré Will. Mais, d’un autre côté, j’avais perdu Giulia. Non, ce qui s’était passé n’était pas « bien ».

- En fait pour être sincère…

Et je lui contai mes aventures. Lui non plus, il n’en revenait pas. Puis, environ cinq minutes après de silence, il me dit qu’il fallait tout de même la retrouver. Même si, comme moi, il voyait le bon côté des choses : Will.

Et Ashley, dans tout ça ?

- Stephen, au fait, tu as des nouvelles d’Ashley ?

- Non aucune. La réceptionniste se souvient d’elle à son arrivée, mais elle dit qu’elle n’est jamais ressortie. Certains clients croient l’avoir vue en ville, mais ils n’en sont pas sûrs.

- Et tu n’es pas allé voir ?

- Non, j’aurais pu louper un client au courant de quelque chose de vraiment important. Mais bon, aujourd’hui, il n’y a eu personne d’intéressant. J’ai noté tous les endroits qu’on m’a dits, comme ça, demain, on ira en ville pour la chercher. Et peut-être que l’on croisera Giulia ?

- Je ne pense pas. Vu ce qu’elle m’a dit, elle reste tout le temps dans le sous-sol de la boutique. Dis…Comment ça se passe, quand les Sampires trouvent un vampire ?

- Eh bien, pour être franc, je n’en sais rien. La dernière fois qu’on en a attrapé un, je n’étais même encore né. Pourquoi ?

- Eh bien, Je veux savoir comment ça se passera, pour Giulia…Je sais qu’on pourrait la sauver, mais elle m’a dit que si on voulait la sauver avec Henry, qui est un Sang-pur de première classe, il faudrait qu’elle boit entièrement son sang, et donc le tuer. C’est vrai ?

- Oui. Je ne sais pas pourquoi Henry ne te l’a pas dit. Il pensait peut-être que c’était inutile. En même temps, je le comprends. Normalement, il n’y a plus de vampyrs.

- Oui mais dans ce cas, il ne m’aurait pas parlé de leur existence non plus.

- Tu sais quoi ? On lui posera la question en rentrant, d’accord ? me dit-il en souriant.

- D’accord, lui dis-je en lui rendant son sourire.

- Et lui, on le met où ? me dit-il en désignant Will.

- Je ne sais pas, mais cette fois, je ne le laisserais à personne d’autre que nous.

- Je t’adore ! me répondit-il en me serrant dans ses bras.

Je me libérai de son étreinte et allongea Will sur le lit. Je me mis à côté de lui, sur le côté, un bras autour de son petit corps pour qu’il ne bougeât pas. En fait, je ne pris même pas la peine de mettre mon pyjama. Stephen alla éteindre la lumière et s’allongea en face de moi, son bras sur le mien autour de Will.

- Tu sais, dis-je à Stephen, Giulia pense vraiment qu’elle va mourir. Elle m’a confié Will et m’a parlé comme si elle n’allait plus jamais le revoir. Elle m’a dit de lui dire qu’elle était sa tante, pour qu’il la connaisse sans savoir qu’elle était sa mère. Ça m’a un peu perturbée…

Ma voix s’effilocha, et il ne resta plus qu’un fil de sanglots. Je ne voulais pas qu’elle meure. Toujours souffrir…Pourquoi le monde était-il fait comme ça ? Où alors était-ce seulement ce monde de vampire qui était comme cela ? Si c’était cela…je ne dirais jamais à Will sa nature ou son origine. Et Giulia, « sa tante », sera morte dans un accident de voiture. Et c’était tout. Je ne voulais pas que Will connaisse cette vie remplie de souffrance.

Voyant mon désarroi, Stephen passa sa main sur ma joue, essuyant une de mes larmes.

- Sophia…

- Je ne veux pas qu’elle meure. Maintenant que ça arrive, je me rends compte qu’elle était ma meilleure amie. Je ne veux pas qu’elle meure…

- Je ne peux pas te promettre de la sauver, mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour le faire. Je te le promets.

Je séchais mais dernières larmes avant de lui dire :

- Merci.

Nous nous endormîmes avant que Big ben ne sonne les douze coups de minuit.



29/10/2010
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