Je marchai dans l’une des nombreuses rues de Londres en tenant Will dans mes bras. Le soleil du soir illuminait son visage d’une douce lumière orangée. En fait, depuis que j’étais sortie de la maroquinerie, c’était la première fois que je le regardais aussi attentivement.

Il avait de long cils bruns, et un mignon petit nez qui ressemblait à une petite bille. Ses lèvres brillaient et sa bouche avait une forme de cœur. Il était tellement beau…

Je m’assis sur un banc au bord de la Tamise. Je n’avais aucune envie de retourner à l’hôtel. Il ouvrit doucement les yeux en agitant un peu les bras. Ses yeux… On aurait dit ceux de Giulia. Deux petites billes vertes noyées dans le blanc. Je m’autorisai alors à verser quelques larmes, qui coulèrent lentement le long de ma joue.

Il se mit alors à me regarder d’un air « qu’est-ce qui t’arrive ? ». Vu qu’il ne pouvait comprendre ce que je lui disais, je me mis à lui chuchoter près de l’oreille :

- Je pleure parce que ta maman s’en va, et qu’elle t’a laissé à moi. Et je suis très triste qu’elle s’en aille.

Il posa sa main sur ma joue, comme pour me réconforter. Je lui fis un sourire salé.

Big Ben se mit à sonner. Je regardai la grande horloge : il était vingt-et-une heures ! Stephen devait s’inquiéter ! Pourvu qu’il ne soit pas inquiet !

Je recouvris les mains de Will avec sa couverture, puis me levai et me mis à courir aussi vite que je pus. Will se demandait se qui se passait, il émettait des petits cris d’insatisfaction. Pour retourner à l’hôtel, il fallait que je passe devant la maroquinerie. Ce que je vis alors, je ne le compris pas tout de suite : l’homme m’ayant indiqué la boutique comme le lieu où se trouvait Ashley venait d’entrer dans celle-ci.

J’avais une irrésistible envie de le suivre, mais je ne pouvais pas inquiéter Stephen d’avantages. Je passais donc devant la maroquinerie comme si je n’avais rien vu. Mais je savais qu’à l’intérieur de cette boutique, l’homme m’avait reconnue.