Chapitre 25

- Excusez-moi, vous n’auriez pas vu cette jeune fille ? demandai-je brandissant la photo d’Ashley aux yeux d’un passant pour la énième fois de la matinée.

- Non, désolé, me répondit-il avant de reprendre sa route.

Étonnement, le soleil avait décidé de briller aujourd’hui à Londres. Au moins, mes cellules étaient d’accord, et ce n’était plus la guerre à l’intérieur de moi.

Mais le soleil tapait tout de même un peu trop fort à mon goût. Et, n’ayant pas prévu une telle luminosité, je n’avais pas emmené de quoi me protéger le crâne. Et l’hôtel était à présent trop loin pour que je puisse y retourner.

- Excusez moi, vous n’airiez pas vu cette jeune fille ? redemandai-je à un autre passant.

- Non, désolé.

Encore un. Depuis le début, les gens me répondait « non, désolé ». Aucune originalité. Si seulement quelqu’un pouvait répondre « oui, je crois que je l’ai vu entrer ici, où là, mais je ne suis vraiment pas sûr ». Ah oui, si seulement quelqu’un pouvait avoir l’idée de me répondre autre chose que « non, désolé ».

- Excusez-moi, vous cherchez quelqu’un ? me dit soudain une voix dans mon dos.

- Heu, oui. Regardez, c’est sa photo, lui répondit-je.

La personne se tenant en face de moi était un homme, environ la quarantaine, grisonnant, assez de charme, en tenue décontractée. Il portait des lunettes – la marque inscrite sur les branches indiquait que cet homme vivait aisément.

- Il me semble qu’elle est entrée dans cette boutique, mais je n’en suis pas sûr.

- Merci beaucoup ! lui répondis-je avec une voix qui trahissait ma joie.

Le sourire aux lèvres, je me dirigeais vers la boutique indiquée par l’homme. C’était une petite maroquinerie. Des portes-monnaies hors de prix trônaient dans la vitrine. Plus loin, des sacs à main encore plus chers étaient disposés sur une étagère. Je me dirigeais vers la vendeuse pour lui montrer la photo lorsque je vis quelqu’un se diriger précipitamment vers une porte au fond de la boutique. Cette personne, c’était…Giulia. Bien que je ne l’avais vu que peu de temps, je pouvais tout de même dire quelque chose : elle avait changé : ses cernes sous les yeux, ses cheveux gras…Tout cela avait disparu. A la place, de magnifiques yeux verts – sans cernes, évidemment – trônaient au dessus de son nez fin, et de longs cheveux noirs et brillants encadraient son visage aux traits réguliers. Il était impossible que ce fusse elle. Elle avait trop changer. A moins que…je ne préférais même pas y penser. Non, James ne pouvait pas l’avoir déjà…transformée ?

Je décidai de la suivre, pour savoir si ce que je pensais s’avérait juste. Je me dirigeai donc vers le fond de la boutique et passai discrètement par la même porte que Giulia. Je refermais la porte derrière moi lorsque la lumière s’alluma. Je regardai autour de moi. Le couloir dans lequel je me trouvais faisait environ trois mètres de haut. Le sol et la moitié basse du mur était recouvert d’un carrelage blanc. Le reste des murs et le plafond, eux, étaient juste peints en blanc.

Des pas résonnaient. C’étaient ceux de Giulia. Elle ne m’avait pas aperçue, une chance pour moi. C’était elle qui avait allumé a lumière : un interrupteur se situait deux mètres derrière elle. Il y avait des creux dans les murs, ce qui était parfait pour me cacher. Je courus vers la plus proche de moi. Puis je continuai ainsi pendant une bonne dizaine de minutes. Puis Giulia disparut dans une escalier sombre. L’inconvénient était qu’il n’y avait plus de creux dans les murs. Je la suivis, tachant de rester discrète. Que se passerait-il si je me faisais repérer ? Je n’en avais aucune idée, aucune petit indice ne m’indiquait où j’étais exactement, et personne n’était là pour me le dire. Il me vint à l’esprit que je pouvais contacter Stephen par la pensée. J’essayai, en vain.

Une lueur vint soudain rencontrer mes yeux. Elle venait d’une salle, en bas de l’escalier. La lumière au bout du tunnel ? Peut-être. Qu’est-ce qu’il y avait dans cette salle ? Toujours aucune idée.

Je restais dans l’obscurité pendant que Giulia, elle, entrait sans aucune encombre dans la lumière.

- Te voilà enfin ! dit une voir à Giulia.

J’aurais reconnu cette voix entre mille : James ! Alors c’était donc vrai ! Giulia était bien venue en Angleterre dans le but d’y être transformée !

- Oui. Désolée pour mon retard.

Par contre, sa voix à elle, je n’aurais même pas soupçonné que c’était la sienne. Une très belle voix, cela dit. Une voix mielleuse et convaincante. Elle aurait persuadé n’importe qui – enfin, n’importe quel humain - d’exaucer le moindre de ses souhaits.

- Je ne suis pas très fier de toi. Tu sais pourtant que je t’avais prévenue ! La moindre erreur, et ton Will ne serait plus qu’un souvenir…

- Mais qu’est-ce que j’ai fais ? demanda-t-elle d’un ton empli d’innocence.

- Tu as en plus le culot de me demander ce que tu as fait ? Et bien regarde cet écran : tu vois cette personne ? Elle t’a suivie, jusqu’ici, et devine quoi ? Je suis sûre que si je menace de tuer Will sur le champ, elle sortira de sa cachette.

Mais de qui parlait-il ? Je n’eut même pas le temps de réfléchir que les cris de Will retentirent à l’autre bout de la salle. Il était donc la, lui aussi ? Cela me soulageait de savoir qu’il était en vie. Mais pour combien de temps ? A ce que j’avais entendu, James voulait le tuer.

Les cris de Will retentirent plus fort. Ils me déchiraient le cœur, étaient emplis d’une souffrance à vous faire pleurer. Je ne sais même pas s’il reprenait sa respiration. Une nouvelle déferlante de cris me parvint aux oreilles. C’en était trop ! J’en avais assez entendu ! Comment une être, aussi vivant ou mort soit-il, pouvait-il autant aimer cette souffrance à faire crever un cœur ?

- Assez !



29/06/2010
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