Chapitre 18

 Le lendemain, j’avais cours. Malheureusement pour moi, ceux-ci ne s’arrêterait normalement jamais.

Je me dirigeai vers ma salle d’histoire en compagnie de Stephen lorsque nous croisâmes Giulia. Elle avait de grosses cernes bleues sous les yeux, et, ses cheveux étaient gras.

Nous entendîmes les autres se moquer d’elle lorsqu’elle passait à côté d’eux. Bien que je ne la considérais plus comme mon amie, je ne pus m’empêcher d’avoir pitié d’elle. Mais je n’eus pas besoin de lui poser la question pour savoir ce qui allait mal. Will avait cinq mois. Bien qu’il devait faire ses nuits, ce n’est pas à dix-sept ans qu’on s’occupe d’un bébé.

- Tout va bien ? lui demandai-je tout en regardant Stephen d’un air inquiet – qu’il me rendit.

- Oui, oui. Tout va bien, me répondit-elle en baillant.

- Pourtant ça n’en a pas l’air, se risqua Stephen.

- Mais je ne vous ai rien demandé ! nous hurla-t-elle, les larmes aux yeux. Puis elle s’éloigna d’un pas vif.

Quelque chose n’allait pas. Il fallait que nous découvrions ce que c’était. J’interrogeais Stephen en pensée – quand nous étions seuls, c’était le seul moyen de communication que nous utilisions.

Qu’est-ce qu’elle a, à ton avis ? lui demandai-je.

Je n’en sais rien. Je veux bien croire que son bébé la fatigue, mais au point de ne pas se laver…Je propose que nous la suivions après les cours.

Ok, ça marche.

 

Le cours d’histoire se passa sans encombre, excepté le moment où j’ai rigolé suite à une remarque silencieuse de Stephen, et où je me suis faite collée. Mais Henry arrangerait ça, sans aucun doute.

Après l’histoire, nous avions fini les cours. Quand la sonnerie retentit, nous laissâmes Giulia sortirent. Je la suivais, lorsque Stephen me retint en pensée :

Sophia, attends ! Si nous la suivons de trop prêt, elle va se douter qu’on la suit ! Laisse-lui deux minutes d’avance, je pourrais toujours la localiser en pensée.

Il avait raison. Si nous la suivions de trop prêt, elle nous remarquerai. Lorsque la grande aiguille du couloir indiqua qu’il s’était écoulé deux minutes depuis la sonnerie, nous nous prîmes la main et suivîmes le même chemin que Giulia. Celle-ci était sortie du lycée, avait suivi un certain trajet, et s’était arrêtée dans une des rues principale de Staumon. Ensuite, elle avait prit un taxi – enfin, Stephen pensait qu’elle avait prit un taxi, vu la vitesse à laquelle elle s’était déplacée – et avait atterri devant mon ancien chez-moi. Je me précipitai dehors en ne prenant même pas la peine de fermer ma portière et usai de ma rapidité surhumaine pour atteindre le perron. J’arrachai la poignée, et fit valser la porte dans l’immense terrain. C’était malin : je serai obligée de la faire remplacer. Je me rendis au pied de l’escalier, où je me mis à genoux. Cela faisait deux mois que je n’étais pas venue. Si je me relevai, les genoux de mon slim seraient probablement blancs de poussière. Mes visites étant avant régulières, je n’avais pas remarqué que la maison était complètement délabrée : les volets ne tenaient plus qu’à un battant, les murs extérieurs étaient défraîchis. Le plancher ressemblait à un gruyère : si je n’étais pas doter d’un équilibre surhumain, je me serai fait une entorse. Je n’eus pas besoin de me retourner pour découvrir que Stephen se tenait debout derrière moi. Les marches du perron faisaient tellement de bruit qu’une fourmi aurait pu faire avancer ses six pattes sur le bois que j’aurais pu l’entendre de l’autre façade.

Il prit mes épaules entre ses mains et me fit pivoter pour que je me retrouve face à lui. Puis il embrassa mes cheveux, descendis pour dessiner le contour de ma mâchoire avec ses lèvres fines et rosées, et finis par mon menton. Je pris celui-ci entre mes doigt, et le relevai pour que ses lèvres soient en face des miennes. Il replaça une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, puis prit mon visage entre ses deux mains. Il le rapprocha du sien, et posa délicatement ses lèvres sur les miennes. Son baiser fût d’abord doux, puis il devint de plus en plus intense. Il finit par passer sa langue dans ma bouche, et l’entortilla autour de la mienne. Puis je m’aperçu que je pleurai. Pleurai-je déjà avant qu’il ne m’embrasse ? Aucune idée. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais moi-même. J’en avais même oublié la raison de notre venue.

Ce qui était pratique dans le fait que nous puissions communiquer par la pensée, Stephen et moi, c’est que nous pouvions discuter sans avoir besoin d’interrompre notre baiser. Ce qui était à notre avantage à présent. Ce fût lui qui entama notre conversation silencieuse :

Pourquoi tu pleures ? me demanda-t-il, inquiet.

Je l’ignore. Mais je peux empêcher mes larmes de couler. Désolée de t’inquiéter.

On dirait que tes flots sont moins forts.

Je ne m’en rends même pas compte.

Te rappelles-tu pourquoi nous sommes là ?dit-il en rompant notre baiser.

Pas vraiment.

Giulia. Il faut qu’on la retrouve.

Ah oui, c’est vrai. Désolée, dis-je en esquissant un sourire salé.

Il me prit la main, et m’entraina à travers la maison. Aucune trace de Giulia. Nous étions complètement paranos. La réaction de Giulia, maintenant que j’y réfléchissais, n’était pas si inquiétante. C’est vrai : qui ne frôlerait pas la crise de nerfs après avoir passer plusieurs nuits blanches en s’occupant d’un bébé qui pleurait.

Peut-être qu’on est complètement parano, dis-je à Stephen, qui était en train d’ouvrir toutes les portes de la maison.

Peut-être, dit-il finalement après avoir ouvert toutes les portes les unes après les autres. Mais comment expliques-tu son odeur ?

Je n’en sais rien. Mais on ferait mieux de rentrer à la maison. J’ai soif.

Très bien, allons-y.

 

Nous sortîmes de la propriété à la hâte. Cet endroit donnait la chair de poule. Une fois sortis, j’étais sûre que nous n’y retournerions pas. Je me trompais.

Il faisait nuit. Je me retournai une dernière fois vers la maison. Ce que je vis aurai pétrifié un humain, moi ça m’a juste glacé le sang. La lumière de ma chambre était allumée. Sauf qu’il n’y avait personne à l’intérieur. Je me précipitai à l’intérieur, sans réfléchir, sans avertir Stephen. Je me dirigeai d’une vitesse incroyable – même pour un vampire – vers cette pièce que j’appelais autrefois ma chambre. Quand j’arrivai en face, je fis voler la porte à l’intérieur, qui s’explosa contre le verre de la porte-fenêtre qui explosa à son tour. Les bouts de bois et de verre restant furent retenus par les volets moisis. Il faisait sombre. Les meubles n’avaient pas changé de place. La lampe était toujours suspendue au plafond. Je m’en approchai jusqu’à être en dessous. Elle n’était pas allumée. Je me dirigeai vers l’interrupteur et appuyai dessus : pas d’électricité. Je n’avais pourtant pas rêvé. Enfin, je ne crois pas. C’est vrai, après tant d’évènements, mes nerfs commençaient à me lâcher. Oui, ce devait être ça. J’avais rêvé.

Qu’y a-t-il ? me demanda silencieusement Stephen.

Je croyais avoir vu la lumière allumée, lui répondis-je. Ma conscience doit sûrement me jouer des tours.

Ne t’inquiète pas, je suis sûr que ça va passer, me dit-il en m’enlaçant les épaules.

Sûrement, acquiesçai-je en agrippant ses bras. 



28/06/2010
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