Chapitre 10

Lorsque Charly m'avait annoncé que nous allions nous rendre en France, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était super, malgré la situation. Étant moi-même peintre, aller à Paris, c'était vraiment une aubaine. Nous marchions main dans la main dans les rues de la capitale française, la ville de l'amour, à dix heures du matin. La fête du pentacle se déroulerait dans quatre jours, mais le chef avait décidé de venir plus tôt pour profiter de la ville et et étudier un peu le terrain. Nous irions visité les catacombes l'après-midi. Je l'avais supplié pour que nous allions visité le musée du Louvre le lendemain. Il m'avait aussi appris que, juste avant la cérémonie, le conseil avait organisé un dîner suivi d'un bal masqué. Lui et moi allions nous y rendre pour pouvoir suivre le cortège jusqu'au lieu de la cérémonie.

Nous étions à présent devant l'hotêl miteux dans lequel nous allions dormir. Le fait que nous devions rester discret pendant le bal nous obligeait à garder la majorité de notre argent pour des vêtements. Mais me rappeler le shopping me rappelait ma mère. Que faisait-elle, en ce moment ? S'inquiétait-elle pour moi ? Vivait-elle toujours dans notre petite maison ? Je repensai aussi à Lana. Avait-elle été mise au courant ? Je ne savais rien de tout cela, et je ne pensais pas que Charly en savait plus que moi. Voyant que j'étais partie en voyage vers mon passé, il me demanda ce qui n'allait pas. Lorsque je lui expliquai ce qui n'allait pas, il me répondit quelque chose que je n'attendais pas le moins du monde :

« Les catacombes n'ouvrent qu'à quatorze heures aujourd'hui. Il est dix heures trente. Nous allons donc en profiter pour travailler ta magie blanche et ta divination. »

Sur le coup, j'ai été surprise. Puis il me fit monter dans notre chambre et me fit assise en tailleur sur le lit. Puis j'ai réfléchi. Pour m'apprendre la magie blanche, Charly devait être une mage blanc.

« Alors tu es un mage blanc ? lui demandai-je. »

Il émit un petit rire jaune, et je m'interrogeai dessus. Avais-je dis quelque de drôle malgré moi ? Je ne voyais vraiment pas.

« Je suis en effet un mage blanc, me répondit-il. Mais je ne suis pas que ça. Je suis aussi un mage noir et un élémentaliste.

- Attends... Tu es comme moi ?

- Non. Je suis bien plus. Je suis aussi un ange et un loup-garou. »

Je me croyais unique, de la façon dont le conseil m'avait traitée le peu de temps que j'y étais restée. Mais, finalement, je n'étais rien à côté de Charly. Il n'était pas seulement un sorcier doté de plusieurs dons. Il était aussi plusieurs races à la fois.

« Mais...Comment est-ce possible ?

- Mon père était un sorcier doté des trois dons de sorcellerie, comme toi. Et ma mère était née d'un loup-garou et d'une ange, mais le gêne du loup-garou avait dominé celui de l'ange, elle était donc seulement une louve. En revanche, moi, mes gênes sont parfaitement équilibrés. Aucun d'entre eux n'a pris le dessus sur l'autre durant ma procréation. C'est pour éviter les individus comme moi que le conseil a interdit les descendants de Salem à se reproduire entre différentes races.

« Mes parents ne m'ont jamais caché que j'étais un descendant. Je jouai souvent avec les flammes des bougies que ma mère allumait le soir. Dès mon plus jeune âge, j'ai été envoyé à la Salem School pour y étudier la sorcellerie. Personne n'avait imaginé que j'étais aussi un loup et un ange. C'est le conseil actuel qui l'a découvert. Les gens autour de moi étaient tout le temps heureux, et dès qu'ils s'éloignaient, ils retrouvaient leur tristesse et leur ennui naturel. J'ai donc arrêter la sorcellerie et j'ai été envoyé pour parcourir le globe et rendre les gens heureux. J'étais content de ce que je faisais. Mais ils ont vite remarqué que je ne m'approchais que de descendants qui s'ignoraient. Jugeant que ma nature était trop dangereuse, ils m'ont enfermé dans la salle de lave, comme Etienne, Richard et Michel. J'avais renfermé tant de puissance et ma volonté était telle que j'ai réussi à m'évader, il y a un an, trois mois et quatre jours. Etienne et Richard, qui étaient mes amis les plus proches, ont été surveillés de près. Lorsque les soupçons se sont levés sur eux, je les ai contacté pour leur parler de mon idée de construire un camp où les descendants qui ne voulaient pas aller à la Salem School pourraient venir ici.

- Mais, s'ils étaient avec toi, pourquoi m'ont-ils emmené à la Salem School ?

- Tu t'es évanouie avant qu'ils ne t'emmènent. Il comptaient t'emmener au camp, mais le conseil a été plus vite qu'eux. Ils ont remarqué une forte activité magique, ils ont accouru, et vous ont découvert. Ils ne t'ont pas attachée comme les autres parce qu'ils ne t'avaient jamais vu et je suppose qu'Ilda a vu que tu étais une grande sorcière.

- Je ne suis pas une grande sorcière. Je suis juste une enveloppe renfermant des pouvoirs dévastateurs. Ce n'est pas la même chose. Lorsque je saurais contrôler cette puissance, on pourra dire que je suis une grande sorcière. Pour l'instant, au travail ! On commence par la magie blanche, alors ? »

Il sourit et me prit les mains. Il me dit de me concentrer sur ma respiration et de la caler sur la sienne. On pourrait croire que c'est simple. Seulement, il ne faut pas se caler sur la respiration de l'autre en l'écoutant. Il faut aussi la ressentir, il faut qu'elle vienne dès que l'on touche la personne. Il faut respirer au même rythme sans réfléchir.

Charly posa mes mains sur son torse et ferma les yeux, j'en fis de même. Je sentais sa poitrine se soulever, puis se reposer. Se soulever, se reposer. Se soulever, se reposer. Se soulever... Je sentis alors une étrange énergie envahir mon corps. Une chaleur, que je ne savais décrire par des mots, plutôt par des explications. Une sorte de courant d'air à l'intérieur de moi, qui emplissait la moindre partie de mon corps. Lorsque je sentis cette énergie soudaine aller jusqu'au bout de mes ongles, je rouvris les yeux. Ils se posèrent sur un être inanimé. Charly était étendu, devant moi, sans aucun signe de vie.

Une peur immense m'envahit, ou plutôt une appréhension. Je regardai ses pupilles, essayait de sentir sa respiration, de sentir son cœur battre. Rien, rien ne me signalait qu'il était en vie. Je crois que, sur le moment, je n'ai pas trop réalisé ce qu'il venait d'arriver. J'avais ôter du corps de Charly toute la vie qu'il pouvait y avoir. Je l'avais tué.

Mon cœur battait très vite dans ma poitrine, et je sentais mon souffle s'accélérer. Les larmes me montèrent aux yeux, non pas parce que j'étais triste, mais parce que j'avais fait ce que je redoutais le plus au monde : j'avais tué quelqu'un. Mes pouvoirs avaient tué quelqu'un. Et pas n'importe qui : Charly, le seul qui aurait pu m'aider, il m'aurait appris à contrôler mes pouvoirs. Mais je ne comprenais toujours pas quelque chose : c'était lui qui l'avait demandé de faire ce que j'avais fait. Alors pourquoi en étais-je arrivée là ?

Je m'assis par terre, le dos contre le mur, et le jour commença à décliner. Je me balançai d'avant en arrière en suivant le tic tac régulier de l'horloge et de ses aiguilles. Je ne pensais à rien. Et rien ne me venait à l'esprit. 



02/02/2011
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