Chapitre 2

J’étais enfin arrivée à l’aéroport de Staunton. On peut dire que les aéroports sont maudits. C’est vrai : qui est déjà tombé d’en haut de la rampe d’embarquement ? Mais on peut dire que c’est vraiment tombé à pic. Car, en bas de la rampe, m’attendait…Stephen. Il m’avait rattrapé et son visage – j’avoue que j’étais plutôt fixée sur sa bouche – était à quelques centimètres de la mienne. Euh, du mien – désolée. Je croyais que notre conversation dans les toilettes avait été la seule et unique fois où je lui aurais parlé de toute ma vie à Staunton, mais on dirait bien que le destin avait tourné en ma faveur.

- J’espère que je n’aurais pas à te protéger ainsi durant tout mon séjour ! me dit-il d’un air rieur.

Cette fois, c’est moi qui ne rigolais pas.  Il avait dit cela d’un air tellement…protecteur. En fait, je crois que j’ai esquissé un sourire en coin, puis il m’a reposée et s’est éloigné sans mot dire. Je me rappelle, à ce moment là, je me suis demandé dans quel lycée il était. Sûrement pas dans le mien : à Staunton, il y a si peu d’adolescents qu’on pourrait prendre le seul et unique bâtiment pour une primaire.

Quand je sortis de l’aéroport, mes grands-parents inconnus étaient là, adossés à une superbe voiture anglaise, une Porsche noir lustrée avec vitres tintées et toute la panoplie de la voiture des gens chics du coin. Je me suis dis que le hasard faisait bien les choses : à mon avis, en allant chez mes grands-parents, j’allais connaître le bonheur d’avoir toujours quelque chose à manger dans le réfrigérateur. Je me demandais, rien qu’en voyant la voiture, quel genre de manoir devait posséder mes richissimes grands-parents.

Malgré mon air pensif, mes grands-parents m’accueillir à bras ouverts, et le chauffeur – eh oui, ils possédaient aussi leur propre chauffeur ! – m’ouvrit grand la portière. Je m’installai près de la fenêtre. Au cours du voyage, mes grands-parents et moi échangèrent quelques commentaires.

- Nous t’avons acheté un cadeau de bienvenue, me dis ma grand-mère. Je pense qu’il va beaucoup te plaire !

- Tu prendras les cours au lycée de Staunton, et tes livres sont arrivés hier, l’intervint mon grand-père. Nous t’avons acheté une chaîne hi-fi, un ordinateur, et une garde-robe complète. Mais je crains que ces vêtements ne soient pas à ton goût…

- J’essaierai de les mettre quand même ! tentais-je de le rassurer. 

Et à mon avis, je les porterais plus souvent que je ne le pensais. A Palm Springs, je ne m’étais pas fait beaucoup d’amis en raison de ma tenue vestimentaire, et je pense que changer mes vêtements serait une bonne façon de m’intégrer. Non-pas que j’étais moche, mais les gens ont relativement peur de ce qui est fantôme, vampires, nuit noire et obscure…alors que moi, cela m’intrigue, j’ai envie de découvrir la vérité.

Le chauffeur, qui s’appelait James – ce qui me rappelait mon père –,  me sortit de mes pensées en m’ouvrant la portière. Et là…c’est exactement ça. Je n’avais rien à dire, je restais bouche bée devant une telle… grandeur ! On se serait cru à Versailles – d’ailleurs, j’avais toujours rêvé d’aller à Versailles – et pourtant, on était bien chez mes grands-parents à Staumon. La domestique, qui devait avoir environ une dizaine d’année de plus que moi et qui s’appelait Marie, me débarrassa de mes affaires pendant que mes grands-parents m’entraînaient vers un hangar – qui, de mon point de vue extérieur, ressemblait plus à une villa qu’à un hangar. James ouvrit la portière et je découvris, à ma plus grande surprise, une Mini-Cooper flambant neuve dernier cri, noir et blanche lustré. Ma grand-mère me donna un petit paquet que j’ouvris expressément. A l’intérieur se trouvait…une clef. Une clef de voiture.

- Vous voulez dire que…cette voiture…dis-je en essayant de dépasser la stupéfaction qui s’emparait de moi.

- Oui, elle est pour toi. Voici ton cadeau de bienvenue, me dit ma grand-mère avec un sourire béat, elle était contente que son cadeau me plaise.

- Évidemment, James pourra la conduire, insista mon grand-père.

- Vous rigolez ! Ce petit bijou, c’est moi qui vais le conduire.

- Très bien. Maintenant, on retourne à la maison. Marie va te faire visiter celle-ci.

- Très bien. 

J’avais l’impression d’être dans une de ces familles où l’on vous demande d’être sage, d’obéir et d’avoir des bonnes notes. Et je me sentais assez mal à l’aise de faire parti de ces gens-là maintenant.



25/10/2009
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