Chapitre 2

J'entendais des vagues. J'avais chaud, et malgré mes paupières fermées, le soleil m'éblouissait. Je refermai ma main et attrapait du sable. J'étais au bord de la mer...une seconde. Au bord de la mer ?!

« Est-ce que ça va ? » me demanda une voix au loin.

J'ouvris les yeux et cherchait la source de cette voix. Un homme âgé d'une cinquantaine d'année me regardait d'un air interrogatif. J'essayai de lui sourire, mais je ne pus : j'avais la peau toute rêche. Je me touchai le visage pour découvrir que j'avais du sable collé sur tout le visage. Mes cheveux, quand à eux, étaient mouillés. Le pire était ma tenue...Des bottes de pirates marron, un short en jean, et un chemisier bouffant. En regardant par terre, je vis un sabre enfoncé dans le sable. Machinalement, je le pris, et remarquai le fourreau à ma ceinture. J'y fis glisser le sabre.

Je me dirigeai vers l'homme qui m'avait parlé.

« Oui, merci, lui répondis-je. Savez-vous où je suis ?

- Sur la plage » me répondit-il

Il avait un sacré sens de l'humour. Comprenant le vrai sens de ma question, il me répondit :

« Sur l'île de Guarih. La ville est plus au centre. »

Plus rien ne se passait dans ma tête. Mes neurones n'agissaient plus, parce que visiblement, être déguisée en pirate sur une île alors que je me trouvais confortablement installée dans un placard à balai ne me surprenai pas plus que ça. Le problème était ailleurs, à vrai dire : comment est-ce que je m'étais retrouvée là ?

Puis tout-à-coups une idée toute simple jaillit dans mon esprit : je rêvais. Guarih, c'était l'île du livre que je lisais avant de m'endormir. Je n'avais qu'à me laisser aller, je finirais forcément par me réveiller.

Je suivis donc l'homme à travers la forêt dense.

« Au fait, je ne me suis pas présenter, s'exclama-t-il. Je suis Gorf.

- Et moi, c'est Becky.

- Un pirate ici, c'est rare. D'habitude, ils préfèrent rester en mer. Que faites-vous donc ici ?

- Je ne sais pas comment je me suis retrouver sur cette plage.

- Sûrement parce que vous avez ouvert le livre.

- Je vous demande pardon ?

- J'en ai trop dit. Adieu, ma chère. »

Il coupa une liane à sa droit et je fus projeter en l'air, tellement haut que je ne voyais plus l'île. Le problème, c'est que j'allais retomber. J'étais à l'apogée de mon « saut », et j'amorçai la descente. Le sol commença alors à se rapprocher, vite, très vite, je sentais le vent sur mon visage, comme s'il me griffait, je voyais l'île, le sable, la forêt, le sable, le sable, le sable...Le noir. Je me levais, mais tout étais toujours tout noir. J'avançai, lentement, mais je me pris les pieds dans quelque chose et tombait par terre. Quelque chose m'attaqua alors, me donnant des coups de bâton, cinq peut-être. Puis la lumière se fit au dessus de moi. Je levai la tête...Et aperçus ma mère adoptive. J'étais réveillée. Je poussais les balais qui m'étaient tombés dessus et me relevai. Ma mère me prit par le bras et me sortit avec pertes et fracas du placard en me criant dessus :

« Non mais franchement ! Vraiment bonne à rien cette fille ! Je te met une nuit dans un placard à balais, et tu me mets tout dans un bordel pas possible ! Dépêche de filer d'ici avant que je ne m'énèrve ! »

Je pris mon sac de cours, le livre et partis. Le lycée n'était malheureusement pas encore ouvert, je décidai donc de passer voir madame Earhart. Je pourrais au moins me laver un minimum avant de partir, et lui raconter mon rêve.

Comme à son habitude, le ciel me déversait ses litres d'eau dessus. J'étais trempée lorsque j'arrivais chez la bibliothécaire. Je sonnai, mais celle-ci ne répondit pas. Je tentais d'ouvrir la porte, qui à ma grande surprise était ouverte. Il n'y avait pas de lumière, les volets étaient fermés. J'entrai donc dans la maison.

« Madame Earhart ? C'est moi, Becky ! Vous êtes là ? »

Personne ne répondit. J'en déduisis donc que personne n'était là. Je décidais malgré tout de me laver un minimum. J'allais dans la salle de bain et allumait la lumière. Je me lavai les dents, le visage. Mais mes habits... Impossible d'aller au lycée trempée comme ça ! Il fallait que je trouve des vêtements et un imperméable. J'attachai mes cheveux mouillés en queue de cheval, et allai dans les pièces que je rencontrais. J'ouvris la première et la deuxième porte pour trouver ue pièce totalement vide. La troisème que j'ouvris ressemblait à la chambre de la bibliothécaire. Je me tournai vers le côté droit et un cri d'horreur m'échappa.

« Madame Earhart ! »

La vieille dame était allongée sur son lit et respirait faiblement. Du sang tachait sa vieille chemise de nuit. Je me précipitai à son chevet et lui pris la main.

« Ma petite Becky, dit-elle dans un chuchotement. Je suis contente que tu sois venue.

- Je vais appeler les urgences...

- Non ! Surtout pas...

- Mais vous allez... prononçais-je à peine.

- Je sais, mais j'ai assez vécu. Écoute moi bien, Becky. Dans le tiroir en haut à droit de ma commode, il y a un papier, sur lequel est écrit une adresse. Tu vas devoir y aller. Je sais que ça fait un moment que tu rêves de t'enfuir, personne ne te retrouvera là-bas. Il y a des livres, dans une bibliothèque. Tu vas devoir tous les lire, ainsi que celui que tu tiens en ta possession. Dis aux gens que tu rencontreras que tu viens de ma part. Je pen... »

La main de ma bibliothécaire ne serrait plus la mienne. Avant de lâcher sa main, je pris le temps de fermer ses yeux avec ma main libre, en laissant des larmes s'échapper des miens.

« Je sais que vous ne m'entendez plus, madame Earhart. Mais je veux quand même vous dire ce que j'aurais du vous dire depuis longtemps. J'aurais vraiment aimé que vous m'adoptiez, vous auriez été une mère géniale. Et je vous aurais écouter plus que n'importe qui, dis-je en séchant mes larmes. C'est pourquoi je vais faire ce que vous m'avez demandé. J'ai confiance en vous, et je suis sûre que ce que vous me demandez de faire est très important pour vous. »

Je lâchai sa main et me dirigeai vers la commode et ouvrai le tiroir qu'elle m'avait indiqué. J'y trouvais effectivement un bout de papier avec une adresse dessus. Il fallait que j'y aille, mais je n'avais aucune idée d'où cette fichue maison se trouvait. Il fallait que j'aille à la bibliothèque. Je pris donc les clefs de madame Earhart, et courus jusqu'à la bibliothèque. Une fois à l'intérieur, je me dirigeais vers les ordinateurs. Je n'avais pas l'habitude de les utiliser, je ne venais jamais ici pour faire mes devoirs.

J'en allumais un, et attendis qu'il démarre. Dès que je pus, j'ouvris google maps pour retrouver cette adresse. D'après internet, elle se situait à environ dix kilomètres de la ville. Je ne pouvais décemment pas y aller à pied. J'imprimai l'itinéraire qui m'était indiqué, et courus ensuite jusque chez moi. Personne n'y était, ils étaient tous partis au travail ou au lycée. J'ouvris la porte, pris les clef de la seule voiture qu'il restait dans le garage. J'ouvris le garage, montai dans la voiture, et mis le contact. Je n'avais pas ma propre voiture, mais j'avais le permis, toujours sur moi. Je pris donc la route.

Ce n'est qu'à la moitié du chemin que je me suis souvenue que je n'avais pas fermé la porte.



13/06/2011
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